Un Brahms buriné et tonique

Le minifestival de l’OSM proposant les quatre Symphonies de Brahms en quatre jours associe au compositeur allemand des commandes d’oeuvres canadiennes (et une française) sur des courts métrages, l’un étant lui-même une création.
Cette intégrale a très bien débuté jeudi, avec une interprétation très déterminée de la 1re Symphonie. Après un portique d’entrée très large, Kent Nagano a empoigné l’allegro du premier mouvement avec une grande énergie. Partout nous avons eu droit à une lecture détaillée, nettement articulée et logique, très supérieure à l’aléatoire stylistique dont avait fait preuve Vasily Petrenko lors de la dernière présentation de l’oeuvre à Montréal.
On a pu être surpris que le chef, qui ne cédait pas, ailleurs, aux traditions interprétatives, ralentisse le grand choral de cuivres dans la coda de l’oeuvre. Mais l’enseignement principal fut le travail soigné de l’ensemble, avec un son nourri et un beau cantabile dans le 2e mouvement. La chose augure bien de la suite et tout le monde va pouvoir partager l’expérience dès vendredi à 19 heures, puisque le 2e concert sera enregistré par Medici.tv et diffusé en direct sur Medici.
Avant la symphonie, la violoniste Veronika Eberle a joué élégamment et avec une sonorité très fine le 5e Concerto de Mozart. Les prestations de cette soliste ont été majoritairement très convaincantes à Montréal et la série continue.
Nous sommes beaucoup plus réservés sur le projet intitulé Sur les ailes du pas de deux de Blair Thomson. Non pas sur l’oeuvre elle-même. Il est fort sympathique d’avoir un concerto pour clarinette basse et pour le remarquable André Moisan. Il serait même intéressant de réentendre l’oeuvre in abstracto. Mais trouver un rapport entre cette composition et l’univers du film de Norman McLaren est chose très délicate. Certes, on ressent l’étirement de la danseuse au début, mais toutes les textures de l’oeuvre musicale sont épaisses alors que le film est tout en transparence. La tâche de créer une oeuvre musicale sur ce film était chose ardue. Disons que Blair Thomson a composé une oeuvre de la durée du film de Norman McLaren…