Highway Hypnosis, Sneaks

Le titre rend bien l’ambiance de ce troisième opus — le deuxième publié chez Merge — d’Eva Moolchan, alias Sneaks. L’hypnose, elle est dans les subtiles nuances, l’apparent minimalisme instrumental, la répétition et l’allitération, les percussions tout en lenteur chez cette artiste qu’on aura aussi bien classée dans le post-punk que dans le hip-hop par le passé. Objet protéiforme, donc. Moolchan prend son temps ici : à 28 minutes, Highway Hypnosis respire beaucoup plus que le précédent, It’s a Myth (2017). Quel effet sur l’esprit ressortira gagnant de ce duel entre aliénation et transe ? Misant parfois sur le grotesque (Addis, The Way It Goes) et parfois sur l’apaisement d’un trap alangui (Saiditzoneza, Money Don’t Grow on Trees), cette nouvelle oeuvre de la musicienne de Washington agit bel et bien sur le corps. Difficile de ne pas rapprocher Moolchan d’autres artistes femmes sans peur, comme M.I.A. (Hong Kong to Amsterdam), Sudan Archives ou Princess Nokia (Ecstasy).