Aviary, Julia Holter

Naviguer dans les dédales de Julia Holter n’est jamais chose aisée, mais Aviary atteint des sommets de cacophonie. Ce cinquième album de l’Américaine, une heure et demie de pièces-bateaux en déploiements imprévisibles, est en effet une métaphore de notre XXIe siècle chaotique. Il faut le dire : son travail mélodiquement très réfléchi et abondamment référencé — Julia Holter cite l’Inferno de Dante et emprunte à des chansons médiévales leurs paroles en occitan — est ici très hermétique. Entre le désordre hystérique de Turn the Light On et la complémentarité des séquences de Voce Simul et In Gardens Muteness, plus douces, ce n’est que forêts touffues et criardes. Piano, violon, trompette, synthétiseurs jouent avec des sonorités jazz, pop, classique, électro — souvent l’un après l’autre. Oui, Julia Holter est puissante et Aviary est un événement, une bombe dans un volcan, même une dystopie. Mais au-delà de la jouissance cérébrale de l’initié, ces pièces aux fils constamment cassés, puis renoués, sont aussi un éparpillement.