André Pappathomas décortique la voix

Le compositeur, chef de choeur et inventeur d’instruments André Pappathomas fait coexister jusqu’au 23 septembre oeuvres visuelles et sonores, concerts et conférences autour du thème de la voix humaine à la Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal.
C’est la première fois que salles d’exposition et de concert de la Maison de la culture sont animées par le même artiste. Le premier concert d’une série de cinq, jeudi à 19 h 30, Poèmes de détention et quelques « contres », proposera une « lecture musicale de l’oeuvre poétique de Claude Gauvreau ». C’est d’ailleurs à l’occasion d’un hommage à Gauvreau en 2015 que nous avions apprécié les échappées sonores d’André Pappathomas.
Si l’artiste sera sur place du mardi au jeudi, de 13 h 30 à 15 h 30, c’est aussi pour enregistrer les voix des visiteurs dans le but de les intégrer à une « oeuvre vocale participative », une « fresque vocale » créée le 21 septembre, lors du concert final de La voix, espace public.
Un concert pianississimo
« Je ne sais pas à quoi m’attendre », avoue André Pappathomas au Devoir avant d’enregistrer ces inconnus pour en faire une oeuvre. « Je vais improviser avec chacun, entrer dans la voix des gens, chercher des particularités, demander des chants de leur enfance. Le soir, je vais réaliser de courtes pièces à partir de ces enregistrements. C’est dans la dernière ligne droite que je saurai jusqu’où je peux oser », avoue le compositeur.
« L’exposition propose une suite de réflexions sur la voix qui fait notre tissu social », déclare Pappathomas, qui souhaite proposer un « ensemble de réflexions » au spectateur. Ces réflexions côtoient le défi, puisque Mrutismes et Mirlitonnades, le concert du 14 septembre, « sera de bout en bout pianissimo », malgré la présence d’un effectif instrumental et vocal composé de « piano, percussion, clarinette, clarinette basse, violon, violoncelle, trois solistes, choeur et instruments inventés ».
« On va même jouer pianississimo pour que, lorsqu’on va arriver à la nuance piano, on ait l’impression d’être dans un forte, tout en gardant la voix douce, comme dans un secret », nous révèle le musicien.
Le 19 septembre André Pappathomas donnera une conférence sur les langages inventés. Il y parlera d’Antonin Artaud, de Kurt Schwitters et évidemmentde Claude Gauvreau. Intéressant de voirSchwitters et pas Georges Aperghis. André Pappathomas distingue-t-il l’héritage de ces deux créateurs ? « Aperghis est marquant pour son approche du détachement des syllabes, des textures. Avec Schwitters ou Raoul Hausmann, on est dans le borborygme, les sons d’enfants ; Aperghis considère l’esthétisme des sons ; chez Arthaud, il y a un entre-deux. Par contre, si on va vers Gauvreau, on a une grande complexité où l’esthétisme n’est pas au premier plan. Gauvreau aura une place particulière dans cette conférence. »
Les visiteurs de l’exposition découvriront aussi des instruments inventés, outils qui permettent au créateur Pappathomas d’être en « marge de toute forme tonale » afin de situer « ailleurs » ses propositions sonores et musicales.