Classique à Montréal: Pléthore et renouveau

Alain Altinoglu (ci-dessus), Rafael Payare, James Feddeck, Christoph Eschenbach, Juraj Valcuha, François-Xavier Roth, David Afkham… Nous n’avions pas vu autant de saine diversité au pupitre de l’Orchestre symphonique de Montréal depuis 12 ans.
Photo: Marco Borggreve Alain Altinoglu (ci-dessus), Rafael Payare, James Feddeck, Christoph Eschenbach, Juraj Valcuha, François-Xavier Roth, David Afkham… Nous n’avions pas vu autant de saine diversité au pupitre de l’Orchestre symphonique de Montréal depuis 12 ans.

C'est dans un souffle continu, après une Virée classique reportée à la fête du Travail, que l’Orchestre symphonique de Montréal ouvrira la saison 2018-2019 le 6 septembre avec le Boléro et Le sacre du printemps.

Que de noms ! Rafael Payare, James Feddeck, Christoph Eschenbach, Juraj Valcuha. François-Xavier Roth, David Afkham, Alain Altinoglu… Nous n’avions pas vu tant de saine diversité au pupitre de l’OSM depuis douze ans. Même si tous ces chefs ne sont pas candidats à la succession de Kent Nagano, le vent frais donné à la saison 2018-2019 est très appréciable.

L’orchestre, qui tournera dans le Grand Nord en septembre et se prépare à séduire l’Europe en mars, renouera avec Fred Pellerin pour son conte de Noël et a invité, le 18 décembre, Paul McCreesh à présenter Le Messie. Kent Nagano dirigera, lui, la Messe en si de Bach les 4 et 5 décembre, chose intéressante car l’oeuvre pourra être entendue avec Matthias Maute en janvier et avec Bernard Labadie en mai 2019. Le soliste à ne pas manquer à l’OSM sera Martin Helmchen dans le Concerto pour piano de Schumann, les 29 et 30 novembre.

Yannick Nézet-Séguin ouvrira, les 4 et 6 octobre, la saison de l’Orchestre Métropolitain avec Nicholas Angelich pour un double projet d’intégrale : les quatre Concertos pour piano de Rachmaninov en concert sur deux saisons (Concertos nos 3 et 4 cette année) et les symphonies de Sibelius au disque pour ATMA. Le dimanche 28 octobre, la basse Ildar Abdrazakov donnera un concert à la suite de l’enregistrement de son second CD pour DG à Montréal. Autre belle idée du Métropolitain : l’invitation faite à Alexander Shelley de diriger l’orchestre début décembre, juste avant la venue d’Hélène Grimaud, le 21 décembre, dans le concerto de Schumann, Yannick Nézet-Séguin dirigeant la 9e Symphonie de Mahler.

Il faut chérir la venue de la pianiste française, car les musiciennes seraient assez peu en vedette cet automne si I Musici ne veillait pas au grain avec un programme conçu comme un « voyage ardent au coeur de l’identité féminine », le 21 octobre à la Maison symphonique, et si Marie-Nicole Lemieux n’ouvrait la saison de la Salle Bourgie, le 14 septembre.

La programmation la plus courageuse de l’automne à Bourgie, ce sont les journées Couperin (du 18 au 24 octobre) pour le 350e anniversaire de la naissance du compositeur, avec, en vedette, la venue de Christophe Rousset, puis celle d’Edward Higginbottom dirigeant le Studio de musique ancienne. L’intégrale des Cantates de Bach aura pour invité d’honneur, le 28 octobre, Fabio Bonizzoni et La Risonanza. Cet « An 5 » sera entamé le 30 septembre par Les Idées heureuses dirigées par… Nicolas Ellis ! «Figaro-ci, Figaro-là...» : à ce rythme, en tel homme à tout faire, Nicolas Ellis va finir capitaine des Canadiens de Montréal !

On retrouvera à la salle Bourgie, le 18 novembre, le projet de Voyage d’hiver de Schubert en version klezmer que Philippe Sly avait présenté cet été au Domaine Forget. Philippe Sly ouvrira également la saison du Ladies’ Morning, dès le 8 septembre. Ce club musical accueillera par la suite Marc-André Hamelin, le Quatuor Belcea et Pieter Wispelwey, alors que Pro Musica fêtera ses 30 ans le 27 septembre à la salle Pierre-Mercure, avant d’aligner ses têtes d’affiche dans la seconde partie de saison.

Bach : valeur sûre

C’est le Festival Bach qui nous fera venir les monuments : Yo-Yo Ma au violoncelle, Sergei Babayan au piano, et Masaaki Suzuki avec son Bach Collegium Japan. On comparera avec curiosité le Bach de Yo-Yo Ma et celui de Jean-Guihen Queyras, en récital à Bourgie un mois plus tôt (voir encadré). Bach sera aussi à l’honneur de l’ouverture de saison des Boréades, le 27 septembre ; de celle d’Arion qui, du 11 au 14 octobre, invite pour la première fois le claveciniste Luca Guglielmi, puis des festivités organisées par le Concours international d’orgue du Canada notamment la fin de semaine du 19 au 21 octobre.

Photo: Marco Borggreve Le Festival Bach fera venir des monuments, dont Sergei Babayan.

Quant aux Violons du Roy, leurs héros seront Händel, avec Anthony Roth Costanzo le 29 septembre ; Haydn et Mozart, avec Bernard Labadie le 3 novembre, et Vivaldi avec Avi Avital le 23 novembre.

Du côté lyrique, Rigoletto, de Verdi, en septembre, et L’or du Rhin, de Wagner, seront les deux spectacles de l’Opéra de Montréal. L’offre lyrique est renforcée désormais par les écrans, notamment grâce au Metropolitan Opera, qui retransmettra cet automne Aida, Samson et Dalila, La Fanciulla del West et deux projets particulièrement intéressants : Marnie, de Nico Muhly, d’après le film d’Alfred Hitchcock et La Traviata avec Diana Damrau, dirigée par Yannick Nézet-Séguin. Les spectacles estudiantins seront Albert Herring, de Britten, à McGill les 8, 9 et 10 novembre et The Fairy Queen, de Purcell, à l’Université de Montréal le 30 novembre. L’Université de Montréal prévoit un concert orchestral à la Maison symphonique, lors duquel seront joués les Berliner Momente IV, de Walter Boudreau, qui ouvrira la saison de la SMCQ le 30 septembre sur le thème des « Musiques du feu ».

Les programmations contemporaines ne viennent pas que de la SMCQ, du NEM, qui se lancera le 11 octobre, ou de l’ECM +, qui présentera son projet de nouvelle génération le 1er novembre. L’Orchestre symphonique de Laval ouvrira sa saison le 26 septembre avec le Garbage Concerto, de Jan Järvlepp, composition canadienne révélée par un spectaculaire enregistrement BIS il y a presque 20 ans. On écoutera aussi les lauréats du prix Azrieli à la Maison symphonique le 15 octobre avec l’Orchestre de chambre McGill et Boris Brott.

Deux projets qu’on imagine particulièrement chers au coeur de leurs protagonistes mettront un point final à ce tour d’horizon : le 5 octobre, Luc Beauséjour et Clavecin en concert se lanceront dans une version scénique du charmant Actéon, de Charpentier, à la salle Bourgie et, la semaine suivante, Charles Richard-Hamelin immortalisera pour le disque en concert les deux concertos de Chopin avec l’OSM et Kent Nagano.

Bach et ses titans

La musique n’est aucunement assimilable à un combat de coqs, et tel n’est certainement pas l’esprit de ces deux artistes. Mais imaginez tout de même… En un mois, nous allons pouvoir vivre les Six suites de Bach par les deux titans du violoncelle, Yo-Yo Ma et Jean-Guihen Queyras. Une telle concordance ne survient probablement qu’une fois dans une vie de mélomane. L’Américain, invité vedette du Festival Bach, les jouera d’une traite en une soirée, le 7 décembre à la Maison symphonique. Le Français en deux soirs, les 6 et 7 novembre à la salle Bourgie. L’apothéose de la danse est pour demain !

Cinq concerts à surveiller à Montréal

14 septembre. Marie-Nicole Lemieux ouvre la saison de la salle Bourgie.

11, 12 et 14 octobre. Charles Richard-Hamelin et Kent Nagano jouent et enregistrent les deux concertos de Chopin à la Maison symphonique.

5 décembre. Récital Sergeï Babayan au Festival Bach (salle Bourgie).

7 décembre. Montréal est l’une des 36 villes à accueillir la tournée mondiale de Yo-Yo Ma dans les six suites de Bach (Festival Bach).

21 décembre. Yannick Nézet- Séguin et Hélène Grimaud : Schumann et Mahler à la Maison symphonique.


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