Festif de Baie-Saint-Paul: l'audace des contrastes

S’il est une constante appréciée au Festif de Baie-Saint-Paul, c’est certainement que la programmation assume pleinement ses contrastes et qu’elle réserve son lot de belles surprises. Cette 9e édition ne fait d’ailleurs pas exception à cette règle non écrite, mais visiblement réfléchie et peaufinée.
On l’a vu dès vendredi midi, pratiquement en ouverture de festival. Un piano et un tabouret posés tout au bout du quai, dans la brise du Saint-Laurent, ont suffi à attirer la foule. Déjà, le secret avait été ébruité, même si la prestation dépouillée de Patrick Watson a été annoncée à peine 15 minutes avant l'entrée en matière.
Il a été généreux, le Montréalais, alignant certaines incontournables, comme Big Bird in a Small Cage, Great Escape, ou encore Lighthouse, avant d’enchaîner en improvisant, tandis que les kayakistes et les baigneurs venaient s’agglutiner autour du quai. Belle trouvaille que ces prestations au bout du quai, avec l’île aux Coudres pas si loin.

Dans cette nouvelle série de spectacles-surprises, formule courue qui se répète chaque année, il fallait aussi être au petit parc de la Virevolte, au cœur de Baie-Saint-Paul, pour entendre Paul Piché offrir un tour de chant d’une trentaine de minutes, en fin de journée, vendredi.
Son nom ne figurait pas sur la programmation, et sa prestation a été annoncée à peine une heure à l’avance, mais il y avait bien quelques centaines de personnes présentes pour l’écouter, seul à la guitare, sous les arbres, jouer quelques classiques repris par tous les festivaliers, peu importe leur génération. Le décor était parfait, en cette fin de journée très ensoleillée, particulièrement pour une version a capella de L’escalier.
Scènes éclatées
En tout, entre jeudi et dimanche, on prévoit au moins une dizaine de ces prestations annoncées à la toute dernière minute. Mais le Festif ne se résume pas à cela, puisque les scènes sont pour le moins éclatées dans la petite municipalité de Charlevoix.
Belle idée d’ailleurs que cette nouvelle scène directement «dans le garage du curé», qui accueille des prestations rock en soirée et en pleine nuit, livrées par des groupes qui gagnent à être connus, comme le groupe «stoner grunge psychédélique» québécois Fuudge.

L’incontournable scène principale a par ailleurs connu un record d’achalandage dès jeudi soir, pour le spectacle très attendu de Patrick Watson, précédé de celui d’Hubert Lenoir. Le jeune artiste a été fidèle à la réputation qu’il se construit au fil des mois, en alternant entre des sauts de bodysurfing dans la foule et une étrange finale très punk, agrémentée de la destruction de son micro.
Vendredi, cette grande scène, devant laquelle s’agglutinent quelques milliers de personnes (quand elles ne font pas la file pour consommer des litres de bière de la région), l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly, icône politique africaine, a offert une solide prestation reggae que les organisateurs souhaitaient offrir à Baie-Saint-Paul depuis plusieurs années. Le public a répondu présent, du début à la fin.
Nuit festive
Comme les choses ne s’arrêtent jamais avant les heures avancées de l’éternelle nuit festive, il y avait foule pour entendre Galaxie livrer, à plein volume et à plein régime, un rock qui, version live oblige, se révèle toujours pesant à souhait.
Le chef d’orchestre Olivier Langevin, guitariste de grand talent, dirige une formation qui peut aisément prétendre au titre de meilleur groupe de rock du Québec.
Mais dans la catégorie de la prestation, Keith Kouna figurerait aussi en très bonne place, de même que l’Américain Bob Log III. Homme-orchestre bruyant, il a tout de l’artiste complet qui livre un spectacle trempé dans des accents de blues puissants, tout en chantant avec une sorte de casque de moto sur la tête. On était à mille lieues du spectacle de Pierre Lapointe, qui a ouvert cette édition 2018, marquée par l’audace des contrastes.