Flavia Coelho au festival Nuits d’Afrique: du reggae brésilien sous les étoiles

Flavia Coelho mène une belle carrière en défendant avec sourire et vigueur son style «bossa-muffin».
Photo: Roch Armando Flavia Coelho mène une belle carrière en défendant avec sourire et vigueur son style «bossa-muffin».

Petite virée au Village des Nuits d’Afrique hier soir pour avaler quelques acras de morue, un sac de plantains frits et une grosse bouchée de reggae-dub servi par l’auteure, compositrice, guitariste et interprète originaire de Rio de Janeiro Flavia Coelho. Du reggae en portugais ? C’est son dada depuis son premier album, paru il y a sept ans, et c’est devenu le nôtre hier soir. Et bientôt, elle pourrait aussi nous en ajouter en français à son menu.

La Carioca d’origine mène une belle carrière en Europe en défendant avec sourire et vigueur son style « bossa-muffin », amusant néologisme rappelant d’abord combien les musiques populaires de la Jamaïque connaissent du succès au Brésil… tout comme en France, d’ailleurs : samedi dernier, le populaire chanteur reggae Naâman, originaire de la Normandie, Blanc comme une crêpe mais chantant en patois jamaïcain, fêtait le 14 Juillet avec ses fans montréalais comme si le Mondial était déjà gagné. L’Hexagone s’est donc avéré le pays d’accueil idéal pour cette diablesse brésilienne qui propose un roots reggae maculé d’influences sud-américaines, à commencer par le forró, la musique traditionnelle du nord-est brésilien qui, par sa rythmique chaloupée, se fusionne parfaitement au groove du reggae.

Mais d’abord, un petit tour des lieux, accompagné par les rythmes du DJ montréalais Bonbon Kojak, fin pourvoyeur des musiques de club d’Afrique (ses origines sont congolaises) qui, histoire d’accompagner les festivaliers en ce début de soirée, la jouait somme toute assez mollo sur le tempo — on s’attendra évidemment à danser plus énergiquement en découvrant la sélection, que l’on sait riche en découvertes, qu’il préparera pour sa performance du 22 août prochain, dans le cadre du festival MUTEK.

Tout le Village des Nuits d’Afrique tient sur l’esplanade du Quartier des spectacles, déjà remplie à notre arrivée. Une scène principale, une seconde toute petite cachée sous un dôme, des restaurateurs et des commerçants d’artisanat dispersés autour du périmètre. Belle ambiance pour un mercredi soir confortablement frais, les festivaliers qui pique-niquent. Un commanditaire du festival (TV5 Monde, pour ne pas le nommer) a même disposé de petites tables où l’on mange, où l’on joue à des jeux, mais pas le bon. Il y a un tic-tac-toe géant, ailleurs un couple jouait au Scrabble, mais dans un festival où la musique des Antilles et des Caraïbes est à l’honneur, ce sont des tables pour jouer aux dominos qu’il faut !

Revenons aux choses sérieuses. Flavia Coelho est arrivée à Montréal en formation réduite, déduisons-nous. Un batteur, excellent, le rythme du reggae dans le sang, un rythme plus difficile à réussir qu’il n’y paraît. Puis un homme à tout faire, principalement aux synthétiseurs, ainsi qu’aux percussions lorsqu’il a une main libre. Et elle, à la guitare. Cherchez l’erreur : il manque le bassiste. La fondation même du reggae. L’homme à tout faire a beau faire aussi les lignes de basse, il manque un gros quelque chose sur scène.

Devant l’énergie, la présence sur scène et la qualité des chansons de Flavia Coelho, nous passerons l’éponge cette fois-ci. Coelho palpite, dramatique et enjouée, elle déballe son répertoire, principalement les chansons de son plus récent disque, Sonho Real (2016, paru chez PIAS), les accrocheuses Pura Vida et Paraiso, entre autres, avec quelques retours à ses premiers enregistrements (son succès Periferia, 2012), ainsi que quelques inédites.

La voix doucement nasillarde passe du chant langoureux au « toasting » façon raggamuffin sur un claquement de langue. Son reggae est infusé dans un mélange de pop, de rock, de rap, de forró, de dancehall et de cumbia — un autre de ces rythmes tempérés qui partagent une parenté certaine avec celui du roots reggae. Entre les chansons, Coelho anime la foule dans un français excellent, et va même jusqu’à nous proposer une nouvelle ballade lovers rock dans la langue de son pays d’adoption, laissant ainsi présager des compositions originales en français sur son prochain album.

La programmation gratuite du Village des Nuits d’Afrique proposera ce soir les performances du groupe gnawa-fusion Gabacho Maroc, à 20 h, puis de la création Wassa Wassa, un spectacle de danse, cirque et musique monté par la compagnie Kalabanté, qui dirige une école de cirque en Guinée.

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