Age Of, Oneohtrix Point Never

Deux détails frappent à l’écoute du neuvième album de Daniel Lopatin, sous son pseudonyme Oneohtrix Point Never : d’abord, l’omniprésence d’un son de clavecin synthétique, le mortier cimentant cet assemblage de vignettes sonores et de chansons — si, si, de chansons, qu’il pousse de sa propre voix (trafiquée), avec l’aide de la collègue Anohni. Ensuite, on s’étonne de ne pas retrouver les envolées viscérales et abrasives qui faisaient le délice de ses fans. De loin le plus accessible de sa discographie — grâce (ou à cause) de l’apport du coréalisateur James Blake, autre détail frappant —, Age Of réjouit à nouveau par la finesse de sa conception sonore (resplendissante et foisonnante Toys 2 et Last Known Image of a Song) et séduit par ses bribes de mélodies. En contrepartie, l’estimé compositeur électronique semble un brin à court d’idées fortes au dernier tiers du disque, là où ses anachronismes musicaux — opposer baroque et glitch, cloud rap et ballade pop classique, dentelle sonore et arrangements sombres — rappellent ce qu’Aphex Twin, par exemple, faisait il y a déjà vingt ans.
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