Steve Hill, l’homme-orchestre

Steve Hill, chanteur, guitariste et batteur de blues de Trois-Rivières, connaît drôlement bien les points cardinaux qui fondent la géographie. Oui, oui. Celle d’Europe et celle aussi d’Amérique du Nord. Car ce diable d’homme, ce virtuose de la guitare d’une grande simplicité, tourne beaucoup. On le sait trop peu, mais les Européens l’aiment tellement qu’il joue par monts et par vaux. La Norvège, l’Autriche, l’Espagne, la Suisse, la France, la Belgique et surtout l’Allemagne et le Royaume-Uni sont devenus ses points de chute réguliers.

Ce mois-ci, il monte et démonte ses instruments en Angleterre, puis revient faire une petite tournée au Québec et en Ontario avant de reprendre la direction du Vieux Continent cet automne avec, sous le bras, une nouveauté étonnante. La nouveauté en question est en fait un CD enregistré devant public à Québec : One Man Blues Rock Band sur No Label Records.
Entre deux valises, on lui a demandé comment il en était arrivé à jouer seul après avoir été chef de bande pendant une vingtaine d’années. « Il y a sept ans, j’ai sorti un album qui n’a pas marché : Wisplash Love. Je sentais qu’il fallait changer certaines choses lorsqu’un de mes amis qui possédait une Gibson m’a proposé un troc : “Tu fais un show en solo à Drummondville en échange de ma guitare.” Je l’ai fait et je l’ai enregistré. »
Peu après, « j’ai [fait paraître un nouvel] album sans attente particulière. À mon grand étonnement, ce Solo Recordings Volume One s’est plus vendu que tous mes autres albums réunis. Non seulement ça, mais les demandes pour des spectacles se sont multipliées : 175. Alors j’ai sorti le volume deux, qui lui m’a rapporté 8 Maple Leafs Awards, dont celui d’artiste de l’année. Puis, il y a eu le volume 3, qui m’a ouvert les portes de l’Europe. »
Au fil du temps et des spectacles, Steve Hill a développé un incroyable jeu à la batterie. Au tambour d’origine, il a ajouté la grosse caisse et la famille des cymbales. Bref, aujourd’hui, il s’accompagne avec une batterie complète. « À force de travail et d’expérimentation, j’ai développé le plus important : le groove. Simultanément, j’ai compris à un moment donné quelle était ma voix, ma manière de chanter. En fait, j’ai appris à mieux respirer. »
Et en Europe qu’a-t-il appris ? « En Angleterre, sans les British, il n’y aurait plus de blues. En Allemagne, la musique est très présente dans les écoles. Ils sont sensibilisés très jeunes à la musique, c’est probablement pour cela qu’ils vont voir beaucoup de spectacles. Là-bas, ils me demandent quel est mon disque le plus rock, alors qu’ici on me demande lequel est le plus blues. »
Son tout nouveau est entre les deux, ou plutôt, une alchimie des deux. Par son côté rugueux, il fait beaucoup penser aux maîtres du genre : les géniaux Hound Dog Taylor et R. L. Burnside. Son nouveau a aussi ceci d’admirable qu’il est composé aux trois quarts de compositions originales, plus le Voodoo Child de Jimi Hendrix et le I Hate to See You Go de Little Walter.
Son tout nouveau est surtout spectaculaire de bout en bout. Chapeau bas à ce chic type qu’est Steve Hill.