De la musique pour se moquer un peu de la vie

Si elle crève l'écran, elle chante aussi avec un charisme certain au sein du groupe Caïman Fu. Mais, dans la vie, la comédienne et chanteuse Isabelle Blais est plutôt réservée, autant que le lui permet sa beauté magnétisante.
C'est d'ailleurs pour faire bon contrepoids à sa nature discrète qu'elle conjugue deux carrières de scène. «Ça m'aide à garder un équilibre, puisque, dans la vie, je suis assez terre à terre. Sur scène, il n'y a pas de limites, je peux exploser», explique-t-elle, à quelques jours des deux spectacles de Caïman Fu au Lion d'or.Pour Isabelle Blais, chanter et jouer sont comme les deux moitiés d'une même passion à laquelle elle se livre aussi fougueusement. Maintenant qu'est fini le tournage du film Les Aimants, premier long-métrage de l'ex-RBO Yves Pelletier, la comédienne met son chapeau d'auteure-interprète et s'attelle à l'écriture du second album de Caïman Fu.
Si les deux arts qu'elle endosse se ressemblent, selon elle, la musique a toutefois une vertu particulière pour la chanteuse. «Ado, quand j'étais angoissée, je chantais pour me calmer», confie-t-elle. Elle trouve aussi cette pratique artistique plus engageante que le jeu. «C'est un plus grand vertige parce que t'es la seule responsable de tes textes, il faut que techniquement ce soit bien, que la chanson passe, qu'il y ait une osmose dans le groupe, souligne-t-elle. J'ai l'impression d'être nue et complètement vulnérable.»
Voilà presque quatre ans que Caïman Fu roule sa pop-rock à laquelle la voix intense et l'humour piquant de la chanteuse donnent un accent singulier. Car, avant le premier album éponyme sorti l'an dernier, un mini-album live enregistré au café-bar Va-et-Vient et peu distribué a permis au groupe de se faire connaître et de tourner pas mal.
«Ça va bien pour une petite production comme la nôtre, mais c'est difficile de se faire reconnaître, note-t-elle. On me prend moins au sérieux parce que j'ai d'abord été reconnue comme comédienne.» Jusqu'à ce qu'on la voie à l'oeuvre avec ses comparses Igor Batula (basse), Pascal Gingras (batterie), Nicolas Grimard (guitare) et Yves Manseau (guitare). On découvre alors que Caïman Fu a un ton et une personnalité propres.
Les textes écrits par la chanteuse sont hauts en couleurs, un brin impertinents et versent parfois carrément dans l'absurde, à la fois légers et graves. Elle y raconte la vie, ses plaisirs qu'on voudrait voir durer, ses petits et faux bonheurs. Le tout est livré souvent sur un ton souvent théâtral qui fait bonne place à l'ironie. «J'aime bien l'humour de Boris Vian, lance-t-elle. Je traite du quotidien, mais en y ajoutant un petit sourire, un peu de folie pour rigoler et alléger les choses graves de la vie.»
Si écrire est un défi qu'elle aime relever, il n'y a pas que le texte qui fait la chanson selon elle. La musique n'est pas juste un accompagnement. «Le groove est très important et prend autant de place que les paroles et mélodies vocales», explique-t-elle. C'est d'ailleurs dans cet esprit que Caïman Fu a invité le trompettiste Jacques Séguin à participer à cinq ou six pièces sur les vingt-deux qui composeront les spectacles.
Autre surprise, le groupe livrera deux nouvelles compositions au public. Hormis des projections et des éclairages plus travaillés que d'habitude, la facture du spectacle sera plutôt sobre. «J'essaie de ne pas trop en faire côté mise en scène, admet Isabelle Blais. Je me méfie. Je veux que la musique passe avant.»
Caïman Fu, les 15 et 17 avril au Lion d'or