Grammy: l’écart entre les sexes persiste en musique

La chanteuse canadienne Alessia Cara a été la seule femme à l’emporter dans l’une des catégories majeures aux Grammy.
Photo: Charles Sykes Associated Press La chanteuse canadienne Alessia Cara a été la seule femme à l’emporter dans l’une des catégories majeures aux Grammy.

La chanteuse canadienne Alessia Cara a été la seule femme à l’emporter dans l’une des catégories majeures aux Grammy, et moins du quart des 84 trophées remis dimanche sont allés à des femmes ou des groupes comprenant une femme.

Mais ce sont des commentaires prononcés en coulisses par le président de la Recording Academy qui ont véritablement enflammé les critiques, qui considèrent que le gala de cette année n’est qu’une preuve supplémentaire de l’écart entre les sexes qui prévaut dans l’industrie.

Neil Portnow a déclaré aux journalistes après le gala, dimanche, que les femmes « doivent renforcer leurs efforts parce qu’elles seraient bien accueillies ».

Cette déclaration voulant que les femmes ne fassent pas suffisamment d’efforts dans l’industrie de la musique a provoqué de la frustration chez Aerin Fogel, organisatrice du festival féministe torontois Venus Fest. Elle n’est toutefois pas surprise de constater que l’on attribue aux femmes elles-mêmes la responsabilité du peu de place que leur laisse l’industrie.

D’une certaine façon, croit-elle, ce qu’il a dit « représente un enjeu plus grand dans l’industrie de la musique, et dans la majorité des industries ».

Barbara Hannigan, l’une des femmes ayant remporté un Grammy cette année, n’a pas nécessairement fait face à des obstacles en tant que femme à ses débuts dans l’industrie. En tant que soprano, la chanteuse de la Nouvelle-Écosse n’avait que des femmes comme rivales lorsqu’elle voulait du travail. « Puis je suis devenue chef d’orchestre et, soudainement, je me retrouvais dans un domaine dominé par les hommes, et on a commencé à me poser plein de questions sur mon genre », a expliqué celle qui a remporté cette année le Grammy du meilleur album solo classique.

« Je ne veux pas être considérée comme une chef d’orchestre féminine, je veux seulement être une musicienne. Dès que quelqu’un ajoute le mot “féminine” à mon titre, il attire immédiatement l’attention sur mon sexe, ce que je trouve plutôt frustrant. »

Avant toute chose, créer

 

Barbara Hannigan souligne que ses priorités demeurent la création de musique du plus haut calibre possible, mais elle admet avoir été élevée dans un monde où les femmes chefs d’orchestre étaient placées dans une boîte.

« Pour une raison quelconque, il semblait tout à fait approprié pour une femme de diriger une chorale, mais pas un orchestre », note-t-elle.

Bien qu’elle ne se concentre pas sur son genre, Barbara Hannigan reconnaît qu’elle fait partie d’un petit groupe de femmes chefs d’orchestre. Elle s’est souvenue de ce fait lors d’un récent concert donné devant quelques milliers d’adolescents, dont plusieurs avaient été peu exposés à la musique classique.

« C’est extraordinaire, parce qu’ils sont assis dans la salle et ils ne trouvent pas étrange de voir une femme sur l’estrade. »

« Je crois qu’il est important d’avoir un dialogue. Mais ce qui importe encore plus est de regarder ce que je fais et la façon dont je le fais. »

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