Du dialogue jaillit l’innovation

Ça restera dans les annales : 2017, l’année métissée, l’année du spectaculaire Pierre Kwenders et de son électro-pop-rumba qualifiée par les Inrocks « d’anti-world music » l’automne dernier, au moment de présenter son récent album, Makanda at the End of Space, the Beginning of Time.
Tout oppose la démarche du Québécois aux origines congolaises de celle des essentiels labels de réédition de vieux albums de cumbia psychédélique péruvienne des années 1970 (ANDINA : The Sound ot fhe Peruvian Andes, 1968-1978, ou de funk enfoui sous les sables du temps, étiquette Strut) ou de disco nigérian (Duomo Sounds Ltd. : Nigerian 80’s Disco Music to Move Your Soul, étiquette Odion Livingstone). Tout les rassemble, aussi : la quête d’innovation à travers les influences musicales aussi diverses qu’éloignées de leur lieu de naissance, la saveur des ingrédients sonores d’origine méconnue du grand public. Dans la nouveauté comme dans le dépoussiérage, les musiques métissées d’ici et d’ailleurs ont parlé fort entre elles en 2017. Souhaitons qu’elles dialoguent avec la même pertinence en 2018.
Prenez 47Soul. Le groupe, fondé en Jordanie par quatre musiciens jordaniens et palestiniens, s’apprête à lancer son deuxième album, Balfron Promise, début février. Le groupe a nommé son son « shamstep » : mélange de bass music anglaise, de hip-hop, de choubi (musique et rythmique populaire d’Irak), de dabkeh (une danse et un rythme répandu au Moyen-Orient) servi avec verve et beaucoup de synthétiseurs. Déjà le buzz sur la scène des musiques métissées, souhaitons les voir sur scène chez nous.
Plus près d’ici, c’est l’album de l’auteure-compositrice-interprète Mélissa Laveaux, née à Montréal de parents d’origine haïtienne, créatrice d’une chanson pop suave et sophistiquée où les rythmes créoles côtoient la soul, le folk et le blues. Son nouvel album s’intitule Radio Siwel, il est attendu en mars, parions qu’elle quittera Paris, où elle réside aujourd’hui, pour venir le présenter au Québec cette année.

Entre-temps, un « supergroupe » se reforme sur disque : Toto Bona Lokua, comme dans Gerald Toto, éminent bassiste, Richard Bona, star musicale du Cameroun, et Lokua Kanza, légende de la pop congolaise. L’album Bondoka paraît le 19 janvier. Les amateurs d’afrobeat seront ravis de retrouver Femi Kuti sur disque : One People One World paraîtra le 23 février, sur étiquette Knitting Factory, alors que son jeune frère Seun Kuti lancera Black Times le 2 mars, avec l’orchestre Egypt 80 et la participation de Carlos Santana à la guitare. Le 23 mars, le guitariste malien Sidi Touré offrira Toubalbero (à paraître sur Thrill Jockey).
Parmi les concerts attendus et confirmés de cette rentrée métissée, soulignons ceux du joueur de kora Zal Sissokho et du guitariste classique sud-africain Derek Gripper, pour un Hommage à la kora le 3 février au Gesù. Le jazz et les rythmes d’Afrique se marieront sur la scène de la Sala Rossa le 14 février, alors que l’Ethnic Heritage Ensemble de Chicago, dirigé par le percussionniste et compositeur Kahil El’Zabar, fera escale. Le 27 avril, la légende de la chanson kabyle Idirviendra présenter sur la scène de l’Olympia le matériel de son plus récent album, Ici et ailleurs.
Le 30 avril au Balattou, un récital en duo prometteur : le pianiste Carlos Javier, originaire du Venezuela, et Yasushi Matsuki, né au Japon, et son violon électrique. Enfin, le grand Enrico Macias repasse par la métropole le 12 mai, « en concert intime » au théâtre Olympia.