Eghass Malan, Les Filles de Illighadad

Découvertes l’été dernier au festival Suoni per il Popolo, Les Filles de Illighadad offrent un premier album enregistré en studio, l’envoûtant Eghass Malan. Menées par la chanteuse et guitariste électrique Fatou Seidi Ghali, les Nigérianes (et leur guitariste-accompagnateur) donnent un nouveau souffle à ce qu’on a appelé le « blues du Touareg », un blues ici vissé dans ses origines, le tende, désignant la calebasse qui bat la mesure autant que les motifs rythmiques propres à ces chants du désert. De simples phrases de guitares qui tournent en boucle viennent se poser sur les rythmes complexes et hypnotiques, la tête nous tourne dès les premières mesures de la chanson-titre qui ouvre l’album. Ce sont cependant les voix des Filles qui nous happent sur-le-champ : les harmonies nasillardes, les mélodies qui se chevauchent sur ces compositions ressemblant à des chansons à répondre, la prosodie fine de ces musiciennes nous transportent loin. Étrange, de surcroît, l’impression de plonger dans une tradition millénaire qui sonne moderne entre les doigts habiles de la guitariste.