Le Centre des musiciens du monde pour cultiver les différences!

Frédéric Léotar, Kiya Tabassian et Caroline Marcoux-Gendron, respectivement directeur général, directeur artistique et coordonnatrice
Photo: Pedro Ruiz Le Devoir Frédéric Léotar, Kiya Tabassian et Caroline Marcoux-Gendron, respectivement directeur général, directeur artistique et coordonnatrice

C’est un carrefour, un lieu d’échange ouvert à toutes les grandes traditions du monde, mais aussi à l’innovation par la rencontre, à la stimulation par la recherche, à la découverte d’instruments et de styles par des séries de cours, des ateliers interactifs, des conférences, des concerts et plus encore. Le Centre des musiciens du monde ouvre ses portes au public ce samedi après-midi.

« Le Centre des musiciens du monde, c’est cultiver les différences comme facteur d’enrichissement à une époque où la différence fait peur et où la différence est sujette à l’incompréhension, affirme le directeur général, Frédéric Léotar. On n’a pas besoin de se renier pour faire une expérience avec quelqu’un qui vient d’ailleurs, qui a d’autres croyances, d’autres traditions. »

Depuis une quinzaine d’années, l’idée germait dans la tête de Kiya Tabassian, le directeur artistique de Constantinople et du Centre des musiciens du monde : « Le nom du projet indique que l’on veut mettre le musicien, le praticien, l’humain au coeur de ce lieu. Quand on parle de musiques du monde au pluriel, on parle d’une variété infinie de musiques qui viennent d’une infinie de traditions à travers le monde. On voulait créer ici un lieu qui rassemble tous ces mondes, toute cette infinité de visions, de croyances et de langages. »

Créativité particulière

 

Dans sa programmation, le Centre donnera-t-il la priorité aux traditions comme telles, aux mélanges de traditions ou à l’innovation à partir de ces traditions ? « Un peu les trois, répond Kiya Tabassian. Je crois toujours que c’est important de connaître les racines d’une musique, mais après, les racines ne sont que les racines. Je fais toujours l’analogie avec l’arbre : l’arbre suit la lumière, pousse et grandit. Ce qui peut être différent entre notre centre et les autres du même type qui existent à travers le monde, c’est que nous présentons des traditions d’un peu partout, mais en mettant en avant la créativité et l’innovation, sans effacer les racines. Et je pense que cette créativité est très particulière à Montréal. En tant que musicien qui voyage partout, je le vois. »

Pour Frédéric Léotar, la notion de « centre » peut se comprendre à deux niveaux : « D’abord, c’est un espace de centralité et de rencontres, puis c’est aussi de mettre les musiciens, non pas à la périphérie comme on les place souvent, mais au centre de ces musiques issues des différentes traditions du monde qui constituent cette identité montréalaise. »

Le nom du projet indique que l’on veut mettre le musicien, le praticien, l’humain au cœur de ce lieu

 

Volet social

En plus de sa mission artistique, qui est de créer un incubateur de l’innovation, le Centre mise également sur son volet social. En ce qui concerne la création, on accueillera dès cette année quatre artistes en résidence : le koriste Zal Sissokho, le joueur de tanbour Pooria Pournazeri, la qanouniste Didem Basar et l’oudiste Nazih Borish. Chacun d’eux enseignera également au public la pratique de son instrument. D’autres cours sont confirmés, tel l’enseignement de la guitare brésilienne par André Rodrigues, de la darbouka par Joseph Khoury et du cuatro vénézuélien par René Orea. D’autres s’ajouteront. Une cinquantaine de musiciens gravitent déjà autour du centre.

À cela s’ajouteront des activités pour enfants, des projets en recherche-création ou en ethnomusicologie appliquée, sans compter des concerts offerts dans les superbes locaux du centre en face du parc Lahaie ou à l’église Saint-Enfant-Jésus du Mile-End. En plus, une campagne de sociofinancement est en cours pour permettre l’achat d’instruments d’ailleurs.

Centre des musiciens du monde : portes ouvertes ce samedi de 14 h à 17 h avec Frédéric Léotar, Kiya Tabassian, Nazih Borish, André Rodrigues et Aditya Verma, 5043, Saint-Dominique.

Ciel de la Syrie de Constantinople par Kiya Yabassian

« On va découvrir la Syrie, non pas par le point de vue des bombardements, mais par la musique la plus riche, avec notre invité Kinan Azmeh, un grand clarinettiste syrien qui habite à New York depuis plusieurs années. Nous allons surtout présenter des compositions de lui et de moi qui s’inspirent de cette partie du monde. Didem Başar sera aussi au kanun, Pierre-Yves Martel à la viole de gambe, et Patrick Graham aux percussions ». (Salle Bourgie, samedi 14 octobre à 20 h)


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