Midnight Oil à la PdA: puissance et pertinence, encore et toujours

Le groupe Midnight Oil a encore été à la hauteur ce mercredi soir à la Place des Arts.
Photo: Olivier Eclipse Le groupe Midnight Oil a encore été à la hauteur ce mercredi soir à la Place des Arts.

Les voilà. Le voilà. Midnight Oil. Peter Garrett. Trente secondes plus tard, on a la réponse à la question. Qui ne nous taraudait pas tant que ça, mais qui se posait quand même en ce mercredi soir à la PdA. Est-ce que le groupe australien, est-ce que son géant chanteur seraient encore à la hauteur, 16 ans après leur dernier Spectrum ? Le souvenir était démesuré : l’un des meilleurs shows de la vie de quiconque y était. Puissance et pertinence, à ce point-là, ça faisait peur et ça exaltait en même temps. Non seulement c’était plus que formidable le 28 octobre 2001, mais on a eu toutes ces années pour magnifier, mythifier cette soirée, ce groupe, ce chanteur.

Je dis trente secondes ; en vérité, c’est plus instantané. Une fois l’intro instrumentale un peu techno passée, ça attaque massivement. Et ce grand chauve de Garrett, que la soixantaine n’a pas rapetissé d’un micron, y va illico de ses inimitables gestes hachurés. Redneck Wonderland dans les gencives. Sans pause, ça augmente d’un cran avec Read About It. C’est assez démentiel, ce doublé d’envoi. Que ce soit énergique, personne n’en doutait, mais une machine rock lancée à tel régime ? « Thank you for coming back and saying hello ! » lâche Garrett, forcément content de ce Wilfrid-Pelletier passablement plein. Salle qui le rend « un peu mal à l’aise », avoue-t-il, rapport à la vocation classique. Qu’à cela ne tienne, aucun lieu n’a résisté à Midnight Oil, ni le Spectrum ni le vieux Forum, et ça ne commencera pas ici.

Garrett explique le retour du groupe simplement : quand ils ont rejoué, « it didn’t sound bloody bad ». En effet, cela s’entend. Rien n’a été perdu en chemin. Et les causes des années 1980-1990 sont encore les causes d’aujourd’hui. Garrett l’activiste — qui a été ministre de l’Environnement en Australie, faut-il rappeler — dédie Put Down That Weapon à l’espoir de ratification du traité contre le nucléaire par les derniers pays récalcitrants. « It happens to be an emergency/Some things aren’t meant to be… »

Pas le moindre relâchement

 

Quand on pense que les Rob Hirst (batterie), Jim Moginie (guitare solo), Martin Rotsey (guitare rythmique), Bones Hillman (basse) et Garrett n’avaient pas tâté du Midnight Oil depuis le début du millénaire (à une courte réunion près, en 2009), c’est assez incroyable : pas le moindre relâchement d’intensité. Au contraire, ça augmente de titre en titre. Intensité dans les rendus, intensité dans le propos et l’émotion : My Country est particulièrement prenante. « My country right or wrong… » La frappe de Hirst dans When the Generals Talk tient du marteau-piqueur.

Un segment acoustique vigoureux et complexe rappelle les origines prog du groupe, dans la première moitié des années 1970. Mais bien vite, ça repart en rock puissamment saccadé, à la manière Midnight Oil plus familière. Difficile de décrire l’impact d’Only the Strong : ça se ressent au plexus. Ce que ça fera au corps lorsque la salve des grands succès arrivera ? Ça s’en vient, on sait que ça s’en vient, et que le plafond de Wifrid ne tiendra pas, et nous non plus. Arrivés à Power and the Passion, c’est déjà une sorte d’explosion. Et puis c’est The Dead Heart, et l’essentiel album Diesel and Dust résonne dans les mémoires et au présent.

Oui, c’est Beds Are Burning qui suit, après une description enflammée de Donald Trump, « an evil heart ». Bam ! Bam ! Bam ! Et Wilfrid s’embrase. « How can we sleep/While our beds are burning ». Brûlante d’actualité ? C’est le moins que l’on puisse dire. Blue Sky Mine après ça ? Avec l’harmonica de Garrett, strident comme une sonnerie d’alarme. Ce n’est pas des retrouvailles, comprend-on enfin. C’est tout simplement la suite nécessaire du combat. Un grand cri de ralliement.

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