Nicolas Ellis, le Gabriel Nadeau-Dubois de la direction d’orchestre!

Alors qu’il passait son baccalauréat de piano, Nicolas Ellis a monté en 2012, pendant le Printemps érable, l’« Orchestre de la solidarité sociale ». Cinq ans plus tard, il se voit confier par Yannick Nézet-Séguin l’Orchestre Métropolitain pour cinq concerts d’été, dont, ce jeudi, l’emblématique concert au chalet du Mont-Royal.
Yannick Nézet-Séguin ne pouvait que remarquer ce jeune musicien bouillonnant qui venait assister à ses répétitions à la sortie de ses cours à l’Université McGill. Nicolas Ellis lui a remis quelques documents sur lui, il a été invité au Métropolitain pour un concert « Airs de jeunesse » en avril dernier. Il en est ressorti avec un contrat pour cinq concerts estivaux.
À 25 ans, le jeune chef d’orchestre natif de Chicoutimi, auquel Yannick Nézet-Séguin fait confiance au point de lui remettre la baguette pour diriger son orchestre dans l’ouverture du Vaisseau fantôme de Wagner, La tempête et des extraits du Lac des cygnes de Tchaïkovski, ce mercredi à L’Île-des-Soeurs et jeudi au chalet du Mont-Royal, entamera en septembre sa troisième et dernière saison comme chef assistant auprès de l’Orchestre symphonique de Québec. Il a glané ce poste en 2015, à sa sortie de l’Université McGill, où il venait d’obtenir une maîtrise en direction d’orchestre (2013-2015). Nicolas Ellis part désormais en quête d’un poste d’assistant auprès d’un grand orchestre américain ou européen.
Le pianiste qui crée un orchestre
Nicolas Ellis est le directeur musical de son propre orchestre, l’Orchestre symphonique de l’Agora. « Cette idée un peu folle a connu ses balbutiements en 2012, se souvient-il, interrogé par Le Devoir. Je faisais mon baccalauréat en piano [2010-2013] à l’Université de Montréal auprès de Jean Saulnier, mais je développais déjà un intérêt et une curiosité pour la musique orchestrale. » En 2012 survient le Printemps érable. « La Faculté de musique s’est mise en grève rapidement. Beaucoup de musiciens avaient le goût de s’impliquer socialement, mais voulaient aussi jouer de la musique. J’ai saisi l’occasion de les rassembler et, avec plein de bonne volonté, nous avons formé l’Orchestre de la solidarité sociale. Nous avons organisé deux gros concerts, au printemps et à l’automne 2012 : la 5e Symphonie de Chostakovitch, la 9e de Dvorak, l’Ouverture 1812 — des oeuvres à gros effectifs. »
L’expérience parvint à survivre au retour en classe des étudiants. « J’avais été impressionné par le goût des musiciens de continuer. La question était : comment engager un orchestre dans une mission sociale ? L’Orchestre symphonique de l’Agora est né de cela. Il existe depuis 2013 et nous donnons des concerts au profit d’organismes à vocation humanitaire et environnementale. »
Au début, Nicolas Ellis s’occupait de tout. Il recrutait les musiciens bénévoles et louait les salles. « Aujourd’hui, nous sommes plus professionnels. Nous pouvons rémunérer les musiciens sous forme de bourses, et une équipe administrative me soutient dans la coordination des événements. » Une fois de plus, c’est le mécène Roger Dubois, de Canimex, qui a donné le coup de pouce décisif au moment crucial.
Nouvellement, l’Orchestre symphonique de l’Agora a développé un partenariat avec la fondation Partageons l’espoir, qui a développé un programme pour utiliser la musique comme un levier et un outil de développement social et offre des cours de musique gratuits pour lutter contre le décrochage scolaire dans le sud-ouest de Montréal. « Des musiciens de l’orchestre agissent comme mentors et participent aux activités de l’école », se réjouit Nicolas Ellis, qui pense aussi à l’avenir de ses jeunes collègues : « Nous voulons aussi que l’Orchestre symphonique de l’Agora soit une plateforme de réseautage pour jeunes musiciens, qu’il permette de connecter les musiciens qui sortent de l’école avec des musiciens établis dans un cadre qui n’est pas scolaire. »
En cinq ans, en partant de rien, Nicolas Ellis a déjà réussi beaucoup. Et ce n’est pas fini !