Karim Ouellet et son loup intérieur

La grande scène, le grand déploiement font du bien à Karim Ouellet. Il était vendredi soir sur la place des Festivals, où il a prouvé avec toute son équipe de musiciens qu’il pouvait montrer les crocs tout en chantant des mélodies Velcro.
Parce qu’au fond Karim est un chanteur de charme, versant dans la chanson pastel, touchante, personnelle. Vendredi devant une foule très honorable, le guitariste qu’on avait vu par le passé un peu flegmatique sur scène avait un mordant nouveau.
Déjà, son approche de la guitare avait quelque chose de plus incarné, Ouellet se lançant à la fin de quelques titres, comme L’amour et La course, dans des élans électriques, des solos, plié sur son instrument. C’est peut-être un hasard, mais il a souvent utilisé un modèle à la signature plus rock, si on la compare à sa Gretsch plus classique. On l’a vu aussi vendredi sauter sur scène, habiter l’espace. Pas comme un forcené, mais comme il le fallait.
Et il y avait bien sûr l’impact de son groupe, où s’alignaient deux choristes, un batteur et un percussionniste, deux violonistes, mais surtout trois cuivres, qui ont joué un rôle essentiel dans la transmission d’énergie entre la scène et la foule. Le trombone, la trompette et le saxophone ont littéralement porté les titres de Ouellet, ajoutant une tension mordante aux airs pop et reggae.
Karim Ouellet a aussi donné quelques électrochocs rap à son spectacle. La sensation française MHD, quelques minutes avant son spectacle au Métropolis voisin, est venue faire A Kele Nta. Mais ce sont les invités québécois en fin de soirée qui ont reçu le plus bel accueil. Ouellet a eu la bonne idée d’inviter le groupe Muzion, qui a chanté son hymne La vie ti-nèg, et Sans Pression, livrant Territoire hostile.
Avec le seul hic que de retour au matériel de la tête d’affiche, avec l’arabisante La mer à boire et Coeur gros, on retombait dans une ambiance plus intérieure, petite erreur dans l’enchaînement alors que le rappel arrivait.
Dans la dernière ligne droite, après une longue instrumentale, le chanteur a repris le collier avec Karim et le loup, où ont encore brillé les cuivres et où, tiens donc, Ouellet a ressorti son costume de guitar hero et fait émerger son loup intérieur, quoi.