Le studio labo des Francos

Le studio ouvert, une idée d’Ariane Moffatt (au centre), regroupera des musiciens de divers horizons.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Le studio ouvert, une idée d’Ariane Moffatt (au centre), regroupera des musiciens de divers horizons.

La musique ne tombe pas du ciel jusque dans nos téléphones, a rappelé Ariane Moffatt en rencontre de presse jeudi. Et pour le démontrer de façon ludique, elle mijote depuis plus d’un an et demi un projet de studio ouvert, où le public peut suivre le processus d’enregistrement de A à Z.

L’idée folle prendra finalement vie aux FrancoFolies, qui laissera à une vingtaine de créateurs un coin douillet en plein coeur du site du festival.

C’est dans la structure faite de conteneurs superposés, installée à l’angle de Sainte-Catherine et de Jeanne-Mance, qu’a été aménagé un studio d’enregistrement complet, où quatre équipes de musiciens auront chacun deux jours pour créer, arranger, enregistrer et mixer une chanson.

Et ce — et c’est un des piliers de ce projet — sous l’oeil du public, qu’il soit présent en direct dans le studio vitré ou qu’il regarde et écoute le travail des créateurs en direct du site Web des FrancoFolies, grâce aux multiples caméras installées dans le lieu d’enregistrement.

« Dans cette ère de dématérialisation de la musique, l’idée, c’est beaucoup que les gens constatent, s’ils ne le font pas déjà, qu’il y a toute une usine à chansons, avec des réalisateurs, des producteurs, des musiciens », a dit Ariane Moffatt.

Pour Laurent Saulnier, vice-président à la programmation des FrancoFolies, ce projet de studio « public » permet de montrer que, créer une chanson, « ce n’est pas juste de la magie ». Il insiste aussi sur l’expérience unique que pourront vivre les curieux. « Quand est-ce que tu peux voir Ariane travailler en studio ? Jamais ! »

Laurent Saulnier ajoute qu’un festival comme les FrancoFolies, qui présente de la musique live, n’est en quelque sorte que l’aboutissement d’un long processus, essentiel mais normalement mené en privé.

Quatre chansons

 

De l’expérience naîtront donc quatre chansons, qui seront téléchargeables gratuitement en ligne le 18 juin, dernier jour du festival.

Chaque équipe aura un « capitaine » et entre trois et cinq équipiers, et pourra travailler de midi à minuit.

Les 9 et 10 juin, Ariane Moffatt travaillera avec Jérôme Minière, Anomalie, Jonathan Dauphinais, Laurence Lafond-Beaulne et Étienne Dupuis-Cloutier.

Les 11 et 12 juin, Philippe Brault sera en studio avec Safia Nolin, José Major, CRi, Samito et Snail Kid. Les 13 et 14 juin, Alex McMahon sera accompagné de Fred Fortin, de Steve Hill et de Jean-Sébastien Chouinard. Les 15 et 16 juin, le dernier groupe sera mené par Foxtrott, avec Pierre Kwenders, Fab et Stefan Schneider.

Croisé lors de l’annonce officielle du studio, Jérôme Minière s’est dit emballé, quoique rempli de questionnements devant une expérience aussi collaborative dans un contexte d’urgence.

Même Ariane Moffatt se demande encore ce qui se passera. « Dans mon équipe, tout le monde est aussi réalisateur, dit la musicienne. Je ne sais pas comment on va orienter la méthode de travail. Est-ce qu’on va partir avec une tonalité ? J’ai des petits bouts de phrases, aussi. J’avais envie d’enregistrer [une piste de voix] et d’envoyer ça aux autres, puis qu’on se retrouve pour mettre nos idées ensemble. Ça va être intéressant comme laboratoire de création. »

La chanteuse songe même à utiliser à son avantage le son ambiant du festival et, pourquoi pas, à enregistrer et intégrer des moments de spectacles qui se déroulent sur le site des Francos. « On n’est pas dans un système où on veut que ça soit soundproof à 100 %, dit Moffatt. C’est sûr qu’on ne fera pas du ukulélé-voix pendant le gros show Acadie Rock, mettons ! On va travailler avec le contexte. »

Puis tout à coup arrive Fab, de Random Recipe, dans la discussion. « Eille Ari, on se demandait si on allait pouvoir venir fouiner pendant votre séance, peut-être vous aider, je sais pas. » « Ben sûr, tout le monde peut collaborer ! »

Et en plus, tout le monde va pouvoir regarder.

À voir en vidéo