Zoltan Fejérvari remporte le Concours musical

Le pianiste hongrois de 30 ans et vainqueur du Concours musical international de Montréal, Zoltan Fejérvari
Photo: Brent Calis Le pianiste hongrois de 30 ans et vainqueur du Concours musical international de Montréal, Zoltan Fejérvari

Des applaudissements polis et peu enthousiastes ont salué l’annonce du verdict éclair (20 minutes de délibération) du Concours musical international de Montréal (CMIM) 2017, qui a abouti au couronnement du pianiste hongrois de 30 ans Zoltan Fejérvari. La solidité de son concerto de Bartok et sa grande expérience avec orchestre lui ont fait emporter le morceau. Giuseppe Guarrera gagne le 2e prix, Stefano Andreatta le 3e.

Les concours de piano à Montréal vont donc par paire. À la grande Nareh Arghamanyan avait succédé l’immense Beatrice Rana. À Jayson Gillham (2014) succède donc Zoltan Fejérvari (2017). On le félicite et on est content pour lui. Peut-on être content et fier pour Montréal ? L’histoire jugera. Mon pari est que le CMIM vient de perdre un sacré momentum, comme on dit au hockey.

À quoi sert le concerto ?

Si le verdict est difficile à comprendre, c’est aussi parce que, officiellement, les pendules sont remises à zéro avant la dernière épreuve. Après avoir donné des notes lors des deux tours précédents, le jury classe les finalistes de 1 à 6. Mais les résultats ne s’additionnent pas. Le jury teinte-t-il ce classement du souvenir des épreuves précédentes ? C’est l’affaire personnelle de chaque juré.

« Faut-il vraiment une épreuve de concerto à un concours de piano ? » se demandait le rédacteur en chef du magazine musical Diapason, mon voisin. Au fond, la question n’est pas si dénuée de sens. Que juge-t-on lorsqu’on compare des candidats de 20-21 ans qui n’ont jamais vu un orchestre avec des vieux routiers de l’exercice ? Que juge-t-on lorsque des concertos de 25 minutes et de 50 minutes se voient alloué le même temps de répétition ? Pénalise-t-on une interprétation, par exemple le 2e concerto de Rachmaninov trop lent et rêveur de JinHyung Park, qui domine pourtant bien d’autres en matière de moyens pianistiques ? Il reste à trouver les phrasés justes, ce qui s’apprend à 21 ans, alors que d’autres choses ne s’acquièrent plus à 26 ou 30 ans. Et si on saque le Rachmaninov enlisé de Park, pourquoi ne tient-on pas rigueur à Guarrera de son Tchaïkovski tapageur ?

Car, pour évacuer la question du premier prix, comment se fait-il qu’un parangon de l’insignifiance comme le fut le 2e concerto de Liszt d’Andreatta, mercredi soir, aboutisse à un 3e prix ? Juste parce que la chose était mieux en place que d’autres ?

Tout cela est au bout du compte assez frustrant, mais ne saurait dépasser la frustration de la pauvre Yejin Noh, qui s’est perdue dans la cadence du 1er mouvement de Tchaïkovski. Pas de regrets, son interprétation était grevée de scories diverses.

En forme de bilan

 

Après 304 candidatures et 24 candidats retenus, après des récitals passionnants, nous avions en finale Cano Smit et Guarrera, qui se sont foncièrement plantés sur le choix de leur concerto ; Yejin Noh qui s’est perdue ; Park qui s’est englué dans Rachmaninov ; Andreatta qui a ouvert un robinet d’eau tiède et Fejérvari qui fut impeccablement pro. CQFD.

En moyens pianistiques, Guarrera et Park me semblent être les noms à suivre, alors que Cano Smit est l’artiste dont nous guetterons le devenir avec grand intérêt.

Piano 2017 – Finale (2e soirée)

Yejin Noh (Corée du Sud). Tchaïkovski : Concerto pour piano n° 1. JinHyung Park (Corée du Sud). Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2. Stefano Andreatta (Italie). Liszt : Concerto pour piano n° 2. Orchestre symphonique de Montréal, Claus Peter Flor. Maison symphonique de Montréal, mercredi 10 mai 2017.

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