Le Festif de Baie-Saint-Paul, le flair de l’audace

Saratoga au balcon de la Galerie d'art Harmattan
Photo: Festif Saratoga au balcon de la Galerie d'art Harmattan

Qui l’eût cru ? En l’espace de quelques étés, Baie-Saint-Paul est devenu l’épicentre d’un remarquable renouveau dans la façon de concevoir et de vivre un festival musical au Québec. Il faut dire que l’équipe du Festif a pris goût à l’audace et à l’expérimentation, une façon aussi d’attirer une relève de festivaliers en forte croissance année après année.

« C’est très important que notre événement reste vivant. C’est donc nécessaire de se mettre un peu en danger, d’explorer de nouvelles possibilités et de développer une sorte de “laboratoire” où on se permet d’expérimenter des idées, notamment pour les sites des spectacles », résume le directeur général de l’événement, Clément Turgeon.

Cette vision, portée par une équipe composée essentiellement de jeunes dans la vingtaine, se reflète d’ailleurs pleinement dans l’édition 2017 du Festif, dont on dévoilait mercredi soir la programmation. Un menu musical dense, qui alignera en juillet 70 spectacles sur une vingtaine de sites, partagés entre les valeurs sûres et les découvertes.

Recette festive

 

Le simple fait d’organiser un tel festin de spectacles dans la très tranquille Baie-Saint-Paul tenait du défi, reconnaît Clément Turgeon. Mais à force de persévérance, et aussi en raison du caractère très bon enfant de l’événement, les inévitables critiques de résidents se sont raréfiées au fil des sept éditions précédentes.

Pendant ce temps, les organisateurs ont peaufiné leur recette festive, qui s’appuie sur une formule rebrassée chaque année. À commencer par les spectacles-surprises, qui se tiennent dans des lieux insolites de la municipalité et sont annoncés à la toute dernière minute. C’est avec ce genre de formule qu’on peut aller voir un Dumas juché sur le comptoir de l’Accommodation ou un Louis-Jean Cormier autour d’un feu de camp.

« Je crois que ça contribue à l’attrait du festival. Les gens peuvent prendre connaissance de la programmation, mais ils savent aussi qu’ils vont vivre des expériences musicales auxquelles ils ne s’attendent pas », souligne Clément Turgeon, qui assure aussi la direction artistique du Festif. Pour annoncer ces spectacles, l’équipe a même développé une application mobile. Une recette qui fonctionne, puisque 2500 personnes l’ont téléchargée au cours de l’édition 2016.

Gérer la croissance

 

Cette année, on promet d’ailleurs d’offrir ces prestations dans de nouveaux lieux. Reste aussi le caractère intime de l’ensemble, avec les prestations prévues au quai de Baie-Saint-Paul, dans les rues, dans le sous-sol de l’Église ou encore dans la chapelle de la municipalité. Bref, on « habite la ville » pour quelques jours.

L’engouement est tel que les organisateurs doivent composer avec un achalandage nettement plus important que prévu. « Au départ, on souhaitait devenir un incontournable. Mais on ne pensait jamais que ça surviendrait aussi rapidement », admet le directeur général. La première édition du Festif avait attiré 2000 personnes en 2010. L’an dernier, les festivaliers étaient plus de 32 000. Et on s’attend à dépasser les 33 000 cette année.

Qui plus est, la relève de festivaliers est manifestement au rendez-vous, puisqu’au moins 60 % de la clientèle a moins de 40 ans. « Ils ont adopté cet événement, c’est évident, constate Clément Turgeon, lui-même âgé de 29 ans. Et c’est pour eux qu’on veut devenir le plus imprévisible des festivals. »


Photo: Le Festif Spectacle-surprise de Dumas, sur le comptoir de l'Accomodation de Baie-Saint-Paul, en 2016

Le Festif : 70 spectacles en trois jours

Même si les spectacles-surprises prévus au cours des trois jours du Festif ne sont évidemment pas encore annoncés, l’essentiel de la programmation annonce une autre belle édition. C’est le cas pour la grande scène extérieure, où se succéderont, soir après soir, la bande de Valaire, l’électro-swing de Caravane Palace, Plants and animals, Daniel Bélanger, Lisa LeBlanc et Bernard Adamus. On ajoute une bonne dose de dansant/groovant sur d’autres scènes, avec Alaclair Ensemble, Bran Van 3000 et même… Loco Locass. Quelques vétérans plus rock seront de la fête, dont Groovy Aardvark, Xavier Caféine, Voïvod et Les Dales Hawerchuck. Côté mélodieux, on note Martha Wainwright, Richard Séguin, Antoine Corriveau dans une chapelle du centre-ville, mais aussi Louis-Jean Cormier, en solo, au quai de Baie-Saint-Paul. Il faudra aussi déambuler dans la ville pour capter, çà et là, quelques belles rencontres musicales souriantes. Ça se passe du 20 au 23 juillet.


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