Les joyeuses retrouvailles de La Bottine souriante

La Veillée de l’avant-veille a 20 ans. L’événement est de taille et, pour en souligner l’importance, ses organisateurs invitent La Bottine souriante, le fameux big band qui a fait les beaux jours du temps des Fêtes à Montréal dans les années 1990. Que de semelles usées pour ce groupe qui a porté les destinées du trad sur les plus grandes scènes internationales. Depuis ce temps, quelques groupes ont pris la relève, dont Le Vent du Nord et De Temps Antan, qui, regroupés sous le nom de Solo, ouvriront les cérémonies au Métropolis vendredi. Avec les bottiniens, ils animeront en fin de soirée une grande veillée de danse en compagnie du câleur Jean-François Berthiaume. Et pour ajouter à la fête, André Marchand et Michel Bordeleau, deux anciens piliers de La Bottine, retrouveront leur ancien orchestre.
« Pour la veillée, on ramène les vieilles tounes que les deux faisaient. Il y en a que l’équipe actuelle n’a jamais joué sur scène. André est l’un des fondateurs du groupe et on peut remonter jusqu’au premier disque », raconte Éric Beaudry, voix pure et excellent joueur de cordes de l’actuel équipage. « André m’a beaucoup influencé. Ce que j’ai appris au niveau des progressions d’accords, ça vient vraiment de lui au départ. Je l’ai connu quand j’étais jeune, et c’est ensemble que nous avions trouvé notre son au début du groupe La Galvaude. Quant à Michel, c’est devenu un bon ami avec le temps puisqu’on habite dans le même village. » Saint-Côme, Lanaudière, pour être précis, la capitale de la chanson traditionnelle du Québec.
Pour André Marchand, l’attachant grand frère à l’humour débile, ce sera comme un voyage dans le temps. « J’ai quitté La Bottine en 1990. Il y a donc toute une histoire que je n’ai pas vécue avec eux. À la Saint-Jean il y a deux ans, ils m’ont invité et c’était la première fois que je jouais avec la gang de cuivres. Par contre, depuis mon départ du groupe, j’ai fait du son avec eux, en plus d’un arrangement sur le disque La Mistrine. Je vais probablement faire 2033 [le manifeste d’un vieux chasseur d’oies] et des affaires qu’il y avait sur le disque Tout comme au jour de l’An. Je n’ai pas chanté ça depuis vingt-cinq ans. »
André avait laissé La Bottine souriante après la parution en 1988 de Je voudrais changer d’chapeau, le disque qui allait annoncer la « nouvelle Bottine » avec les cuivres et le groove latino. Au sein du fameux groupe, il a joué pendant trois ans avec Michel Bordeleau, avant de le retrouver au sein des Charbonniers de l’enfer et des Mononcles. Avec le flamboyant big band, Michel était ce spectaculaire métronome humain aux 15 000 coups de pied par concert. Il se rappelle l’aventure qui l’a mené aux quatre coins du monde dans les années 1990.
« C’était l’âge d’or de La Bottine, mais il n’y avait pas autant d’engouement de la part des personnes qui ont envie de faire ce métier-là. Après ça, il y a eu une explosion de jeunes groupes, de gens des villages et des familles qui ont décidé de graver leur répertoire sur disque. Cette explosion perdure, même si on sait que les médias et les salles de spectacles n’embarquent pas encore. »
Et les fameuses soirées montréalaises du temps des Fêtes des bottiniens ? « Dans le peak, on avait loué le Spectrum neuf soirs de suite entre Noël et le jour de l’An. La première année, on avait loué le Club Soda pendant deux ou trois soirs. Les producteurs nous avaient découragés de le faire, mais ça avait super bien fonctionné. » Depuis 1997, ce lieu de musique et de danse est occupé par La Veillée de l’avant-veille.