Un Noël musical pastoral et planant
Le marché des disques de Noël connaît un surprenant millésime 2016. Entre des dizaines de parutions, voici un tour d’horizon de celles qui ont retenu notre attention.
Joie ! Atma réédite le disque Simphonies des noëls enregistré en 1992 par Les Violons du Roy et Bernard Labadie pour feu l’étiquette Dorian. Comme pour le Requiem de Mozart, Atma exploite désormais sous licence cette référence indisponible pendant de longues années. Simphonies des noëls, programme entièrement instrumental, comprend des oeuvres de De Lalande, de Charpentier, de Sammartini, de Torelli, de Pez et de Corelli. Labadie et ses musiciens abordent ce répertoire de manière détendue et pastorale, sans à-coups. Le disque complète bien le CD Noëls des Boréades, paru jadis sur ce même catalogue Atma.
Sur le marché international, l’album des Violons du Roy sera rudement concurrencé par Christmas Concertos, un disque de sonates et concertos baroques italiens réalisé pour Sony par la Capella Gabetta. Contrairement au détendu Bernard Labadie, il s’agit là d’une sorte de « manifeste baroque » qui vient concurrencer le CD de Giardino Armonico. Aucune ambiance particulière de Noël ou de recueillement dans cette démonstration.
Du manque d’âme à la ferveur
«Simphonies des noëls», Bernard Labadie, Les Violons du Roy. Atma ACD2 2742
On classera aussi dans la catégorie des disques rutilants et sans âme la nouveauté de la trompettiste Alison Balsom, Jubilo, parue chez Warner. Le disque, enregistré en 2015 et 2016, alterne les formules trompette et orgue et trompette et orchestre (Academy of Ancient Music). C’est du travail professionnel, mais le disque ne décolle pas.
On cherche en vain pendant 54 minutes chez Alison Balsom la flamme que l’on met 5 secondes à trouver dans le grand disque de Noël du millésime 2016: Noël baroque du formidable François Lazarevitch et ses Musiciens de Saint-Julien. Cet ensemble nous a éblouis dans quasiment tous ses projets, notamment Et la fleur vole, des airs à danser autour de 1600, l’un de nos disques de l’année 2010.

A cappella


Un Messie à l’ancienne

Dans le répertoire baroque allemand, CPO nous propose un très solide programme de cantates de Noël de Homilius, de Stölzel, de Rolle et de Förster par la Kölner Akademie. Même si elles sont très agréables d’écoute (surtout Homilius et Stölzel), ce sont des oeuvres d’approfondissement pour qui connaît bien son Bach et son Graupner.
Composé pour Pâques, Le Messie est largement assimilé par la tradition à Noël. Chandos en publie une version très surprenante, avec l’Orchestre symphonique de Toronto dirigé par Andrew Davis, qui a réalisé sa propre mouture en modernisant les travaux « symphoniques » d’un autre temps. C’est un Messie façon Beecham actualisé pour tous les nostalgiques qui, au fond, détestent les instruments anciens et la musique baroque. Cette gentille sucrerie anachronique — avec Elizabeth DeShong, une étonnante mezzo au timbre androgyne — est enregistrée en multicanal.