Le nouveau son de Mexico

De Mexico nous arrive un groupe qui porte deux noms : Mexican Institute of Sound (M.I.S.) pour l’international ou Instituto Mexicano del Sonido pour l’Amérique latine. La musique est dans la veine de la world 2.0 avec ses racines triturées et recréées sous forme de musique urbaine mariant la cumbia, le mambo, le danson et le cha-cha-cha à l’électro, le punk et le hip-hop. M.I.S. s’amène en trio à l’ouverture de la programmation extérieure des Nuits d’Afrique ce mardi au parterre du Quartier des spectacles.
Le groupe existe depuis une décennie et le DJ producteur Camilo Lara en explique la trajectoire : « Nous avons commencé avec de la musique produite par ordinateur. Puis, il y a environ sept ans, c’est devenu un projet live. C’est de la musique qui est reliée au Mexique, mais nous avons un pied au pays et un pied dans d’autres choses. »
Effectivement, dès 2006, le titre du premier disque évoquait une volonté de faire référence au pays de Zapata tout en le transgressant joyeusement : Méjico Máxico, le jeu de mots rigolo qui cachait toutefois une direction assez précise : mixer la pop mexicaine des années 1920 aux années 1960 avec des sonorités folk autant que des beats contemporains.
Direction différente
Le dernier album de M.I.S. est paru en 2012 : Politico, au nom aussi parlant que le Méjico Máxico, mais orienté différemment, comme l’explique Camilo Lara : « Le disque renferme une charge politique plus forte que dans les précédents albums. Au moment de sa création, il y avait des élections au Mexique. »
Il y a aussi cette idée chasser le mal par l’humour et beaucoup d’énergie. On débute avec le coup de tambour qui annonce la cumbia. La musique est très vivante avec la force rythmique, les voix dans les machines et les petits sons du clavier.
Puis on rappe sur le beat électro et on met plusieurs couches. On se fait sautillant, presque yéyé, olé olé avec de la trompette, en causant de… revolucion. On devient rétro, mais avec de l’échantillonnage sur un air facile à retenir. On relance avec de la cumbia très rapide. On place le rythme en avant avec une guitare quasi surf, avant de faire danser à la mode des années 1950-1960. On est un peu dans le cha-cha-cha, mais beaucoup aussi en 2016. On ira vers des accents de fanfare et de vieux rock’n’roll, tous deux fortement traités, avant d’alléger avec des rappels de marimba et des instruments à cordes.
Quoi d’autre ? « Le prochain disque de M.I.S. sera enregistré en Jamaïque, entre autres avec Sly Robbie et Toots Hibbert », répond Camilo Lara. Avec les Nortex, Kinky, Centauro et plusieurs autres, M.I.S. est un digne représentant du nouveau son de Mexico.
Quelques suggestions de spectacles à l’extérieur
Sonido Pesao : d’abord connu sous le nom de Heavy Soundz, le groupe montréalais change de nom pour réaffirmer ses racines latinas en les plongeant dans le rap et l’électro, ou dans la cumbia, le merengue et d’autres rythmes latino.Afrique en Cirque : avec les culbutes au sol et dans les airs en tournoyant ou en montant les uns sur les autres au son de la musique, ces artistes montréalais sont très spectaculaires.
Groupe musical Cour des grands : sous la direction de Getry Mavambu, qui fut entre autres le batteur de Tabu Ley Rochereau pendant vingt ans, le groupe livre un hommage à Papa Wemba, un grand disparu de cette année.
Labess : le groupe de Nedjim Bouizzoul vient de lancer un album double. Moins éclaté qu’avant sur disque, il n’en demeure pas moins un animateur très charismatique sur une scène.
Les autres grands spectacles : les Ogres de Barback, Sierra Leone’s Refugee All Stars, Orquestra Aragón et Meiway le Zo Gang.