Le legs d’Élizabeth Gagnon

Élizabeth Gagnon
Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir Élizabeth Gagnon

Magnifique passeuse de savoirs et d’imaginaires entre chanson francophone, musiques traditionnelles et musiques du monde, Élizabeth Gagnon prend sa retraite après avoir consacré 43 ans à la rencontre vraie et à un service public de grande noblesse. À la fois intégrité, passion, pédagogie et écoute active, elle est cette travailleuse de fond qui remonte l’histoire et la fait rejaillir en mille couleurs à faire renaître à nouveau.

Témoin privilégié de la richesse de peuples, elle creuse dans les cultures, donne de l’ampleur à la transmission et soutient les porteurs, qu’ils soient reconnus ou non. De 1985 à 2005, elle a animé Des musiques en mémoire, l’émission phare des musiques traditionnelles et du monde, alors que cet été on peut entendre en reprise L’ascenseur pour les étoiles à ICI Radio-Canada première.

L’estimée collègue dépose momentanément le micro, mais ne s’arrête pas pour autant, puisqu’elle fait don d’une collection d’enregistrements au Festival Chants de vielles, l’événement de musique trad, folk et acoustique qui se déroule du 1er au 3 juillet à Saint-Antoine-sur-Richelieu :

« Je trouve que ce n’est pas facile pour les petits festivals de traverser douze éditions. Du temps des Musiques en mémoire, on en a suivi plusieurs avec Lorraine Chalifoux et c’est maintenant Nicolas Boulerice, Olivier Demers et Geneviève Nadeau qui ont ramassé le flambeau pour continuer cette tradition où on valorise à la fois le chant et tous les courants de musiques traditionnelles de chez nous. T’as les puristes, les inventeurs, les créateurs et toutes les rencontres que le Vent du Nord peut faire. C’est le groupe qui voyage le plus, il noue des contacts dans tous les festivals et nous ramène des musiciens. Ces gens sont accessibles durant toute la fin de semaine. C’est pas le gros festival où tu t’assois dans une salle, tu attends ton tour et tu t’en vas chez vous après. Tu es enrobé de musique et tu peux chanter avec les artistes. »

Cinquante artistes

 

Chants de vielles, ce sont cinquante artistes du Québec, d’Amérique du Nord et d’Europe, les grandes soirées sur le quai, le Concert d’Aubade à l’église, l’Assemblée des chanteurs et chanteuses, le Fest-Noz, la veillée de danse québécoise, la Roue des chansons, le rendez-vous des ados au camping, une programmation jeunesse bien adaptée et le défilé des chanteurs, musiciens et curieux dans les rues du village.

Et les artistes ? La nouvelle retraitée aurait pu tous les nommer, mais voici tout de même une sélection : « C’est toujours un plaisir de retrouver l’Irlandais Paddy Keenan et j’ai hâte de voir les Suédois de Lyy. Il y a aussi Julien Barbances : c’est extraordinaire ces gens qui réinventent à partir des sons qu’ils entendent. Le Duo PuechGourdon du Limousin : ils sont des maniaques de chant, de cabrette et de vielle à roue mélangés. Le concert à l’église est offert par un Américain, une espèce de maniaque qui a inventé une énorme vielle à roue à trois manivelles. Et le plus drôle, c’est qu’il s’appelle Steve Jobe. »

D’autres découvertes ? « Le Trio Michel Faubert, Le Vent du Nord, Le Vièle Orchestre, Regard persan, Sabin Jacques, qui va être là pour la danse, et Daniel Roy, qui va mener des sorties en bateau-dragon sur la rivière Richelieu. Il faut aussi parler du musicien qui se voit attribuer le rôle du chevreuil. Il peut aller jouer dans les spectacles de tout le monde. Cette année, c’est Jean-François Branchaud. »

Mentionnons également l’hommage qui sera rendu à Jean-Paul Guimond, en plus de la relecture du disque culte Acadie et Québec dirigé par Faubert et, bien sûr, Élizabeth, son kiosque de vente de disques et certaines raretés qui seront mises à l’encan silencieux sous forme de lots. Son legs n’est donc pas que radiophonique ou télévisuel.

Festival Chants de Vielles

Du 1er au 3 juillet à Saint-Antoine-sur-Richelieu. Renseignements: 450 909-0940, chantsdevielles.com

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