Bodh’aktan, de flibustiers à musiciens en tournée

Ils brassent la cage et solidement ! En 2011, on les a connus avec Au diable les remords, le disque de leur premier envol avec leur rock trad énergique, leurs grands coups de violon, d’accordéon, de flûte, de cornemuse et de batterie, mais aussi leur guitare électrique qui crache fort et des répondeurs qui beuglent les phrases comme des métalleux. On est aussi sur les pistes du punk, de la polka, des folklores de l’Irlande, de l’Écosse, des Maritimes, de l’Acadie et du Québec. Mais le plus surprenant, c’est qu’avec cet attirail, Bodh’aktan se retrouve maintenant au top 40. Le groupe remet ça, ce jeudi à L’Astral, avec ses complices de Carotté qui assurent la première partie.
« Avec leurs chansons à répondre, ils sont plus trad québécois que nous, mais les deux bands se complètent au boutte. Au printemps, on a fait une tournée avec eux et on est devenus une grosse famille agrandie. Je suis en train de regarder pour voir si on organise quelque chose ensemble pour les Francos », raconte Alexandre Richard, guitariste, flûtiste, joueur de bouzouki, chanteur et joyeux luron de Bodh’aktan.
Nouveau langage
Avec ses complices, il avait d’abord créé un univers de marins esseulés qui débarquent sur les quais en vidant les bouteilles de rhum et en cherchant des femmes. Mais voilà que sur le disque Bodh’aktan, qui est sorti en février dernier, le langage a changé. Si le sens de la fête demeure, les flibustiers laissent place aux musiciens, qui se rappellent leurs déplacements. Alexandre Richard explique le changement de cap : « Ça n’a pas été volontaire, mais finalement le nouvel album est quasiment fait comme un album concept et les trois quarts des chansons parlent de voyage, de la tournée et des gens qu’on a rencontrés. Ça s’est fait naturellement. »
Musicalement, le disque s’inscrit dans la continuité des trois premiers, mais avec quelques titres qui sont dans une veine plus rock pop. Le musicien confirme : « Il s’agit peut-être de chansons pour se faire plaisir. Je dirais que c’est un peu plus large qu’auparavant. Quand tu fais les premiers albums, tu vas vers des lignes directrices vraiment claires et, dans celui-là, ç’a été les influences des dernières années. »
La génétique
À la base, tous les musiciens du groupe sont des rockeurs, puis à un moment, la génétique est revenue et ils ont voulu se rapprocher de la musique de leurs parents et de leurs oncles, affirme Alexandre Richard : « Le guitariste Luc Bourgeois et moi, on a baigné dans le trad. Alain Barriault aussi, sur la Côte-Nord. Dans son coin, il joue surtout de la musique acadienne. Et en tout, deux membres du groupe viennent de cette région et deux autres, dont moi, viennent des îles de la Madeleine. Des fois, on perd des consonnes quand on parle vite », dit-il en rigolant.
Ils ont aussi osé l’inspiration cajun et, sur la pièce Samedi soir au Fait dodo, ils se rappellent La Fayette. Ils ont participé au grand festival de l’endroit : « Là-bas, j’étais comme un enfant, poursuit Alexandre. La musique est omniprésente. Tu arrives, tu dis que tu es Acadien, ils s’informent sur ta famille, ils sont hyperfiers. Ils m’ont fait capoter. Ici, on est observateurs et on écoute. Là-bas, on danse. On connaît la chanson ? Absolument pas. On danse-tu ? OK, on fait un two-step. Youppi, envoye ! La musique est partout, partout, à tous les coins de rue. Je n’ai jamais vu ça de cette façon-là. »
Du mordant
Bodh’aktan possède aussi le mordant des grandes jubilations, mais il lui arrive de calmer le jeu, comme dans le cas de Ça prend par surprise, qui est une valse acadienne. Quant à Besoin d’air, elle figure au top 40. Quel effet cela fait-il au bodh’aktaniens ? Réponse : « C’est une belle surprise. Le but, c’est de se faire entendre par un maximum de personnes et, après ça, le party, on s’en occupe. »
