La Chasse-Balcon, du trad convivial dans les quartiers

Comment renouveler la diffusion de la musique traditionnelle ? La violoneuse Catherine Planet a trouvé une superbe idée en s’inspirant des happenings musicaux de certains quartiers de Lafayette : tous les vendredi, du 6 mai au 10 juin, des musiciens s’installent sur un balcon à Montréal en offrant un 5 à 7 gratuit pour tous. Mais un détail rend la chose unique : l’emplacement exact est communiqué par indices sur le site Internet et la page Facebook de la Chasse-Balcon. Ainsi, les gens ont réussi à savoir que le premier événement de cette année a lieu sur la rue Panet, mais d’autres informations seront divulguées.
« Lors de la première série l’an passé, les gens ont super bien répondu, raconte Catherine Planet. Je m’attendais à une vingtaine de personnes par spectacle et dès le premier, il en est venu 125. Lors des deux derniers, nous avons reçu 500 personnes. » La formule est reprise cette année avec une mise en scène très vivante et un collectif de musiciens allumés que l’on retrouve souvent au sein des formations importantes. Des exemples ? Marc Maziade de Maz, Véronique Plasse de Bardo, David Boulanger de la Bottine souriante, Antoine Larocque du Winston Band et quelques autres, dont Catherine Planet elle-même.
Premier mai 2015. Les gens arrivent par une ruelle rustique du Plateau, les bourgeons commencent à apparaître, la porte d’une cour est ouverte, deux jeunes jouent au hockey et un violoneux s’en vient. Une centaine de personnes sont au rendez-vous, Catherine est au 2e étage, elle descend dans l’escalier en jouant, une dame au troisième tape des mains, la musicienne se met à jouer des cuillers en bois, quelques voisins curieux sortent et une mère swinge avec sa petite fille. La fête est entamée.
« L’idée, c’est la réunion, les rencontres au-delà de tout. C’est des outils pour mener une vie de quartier avec un peu d’ébullition, dit Catherine. Les gens n’ont aucune réticence par rapport à la musique traditionnelle. Au contraire. J’ai eu des centaines de commentaires et tout le monde parle de la beauté des liens communautaires. La Chasse-Balcon fait le lien entre l’espace privé et l’espace public. À l’heure du souper, on s’amène : des familles, des jeunes couples, des cyclistes, des personnes âgées. »
L’an dernier, on a fait la fête sur le Plateau, dans Rosemont, dans La Petite-Patrie et dans quelques autres quartiers, dont Saint-Léonard, où plusieurs immigrants ont participé. Comment ont-ils réagi à la musique traditionnelle du Québec ? « Ils attendent juste ça. Ils disent qu’on ne l’entend pas. La musique traditionnelle, c’est un élément commun qui relie les gens entre eux. Je dirais même qu’elle est nécessaire pour les liens multiethniques. C’est aussi une façon de traduire notre fierté, pis quand on est fier, on a une plus grande ouverture aux autres », répond l’organisatrice.
Petite, elle a commencé à jouer du violon à Moncton. Elle n’a pas appris à en jouer parce qu’elle le voulait, mais parce qu’autour d’elle, il y en avait partout. Puis, elle a fait de la musique classique, mais le trad revenait dans le Temps des fêtes lorsqu’on lui en demandait. Stressée, elle jouait son reel que tout le monde écoutait silencieusement sans danser. Puis, elle a fait les bars, de la musique pop et du chansonnier. Partout, on lui demandait du trad et lorsqu’elle en livrait, partout, ça levait d’un coup. Pourtant, elle ne le connaissait pas vraiment encore. Par la suite, elle allait à des sessions d’old time et de bluegrass, mais c’est en Louisiane qu’elle a eu un véritable coup de foudre pour la musique traditionnelle. De là, elle a trouvé l’idée de la Chasse-Balcon qu’elle veut offrir à Montréal au printemps, et ailleurs au Québec à l’automne.