Die Pod Die: écouter plutôt qu’entendre

Vous en avez marre d’écouter des fichiers MP3 disparates dans de petits écouteurs blancs branchés dans votre téléphone ? Les organisateurs des sessions Die Pod Die partagent votre sentiment, et proposent une expérience d’écoute musicale riche et différente qui permet par la bande de réfléchir à la façon dont la musique est de plus en plus souvent gobée. Le 24 janvier, au Centre Phi, le public est invité gratuitement à s’asseoir confortablement, et à écouter attentivement deux disques différents en format vinyle, joués avec de l’équipement de haute qualité.
Les sessions Die Pod Die (meurt, iPod, meurt), qui ont d’abord pris leur envol à Paris et à Lyon, se posent donc en « alternative à la consommation de musique faite dans la vie de tous les jours », raconte le responsable québécois de ces sessions, Julien Boumard-Coallier. « Et je ne lancerai pas la première pierre, j’ai un iPod moi aussi, et j’écoute la musique en streaming ! Mais on fait ça en réaction à une espèce de consommation très éphémère, très rapide, en ligne, sur le cellulaire, dans les transports… [Avec la musique] on est rarement dans des dispositions où on engage complètement son corps et son esprit, comme on pourrait le faire dans un musée ou au cinéma, dans le fond. »
C’est la troisième fois que Die Pod Die aura lieu à Montréal, les deux premières séances « tests » ayant eu lieu au Divan orange l’année dernière. « Je prenais un peu le pouls, je ne savais pas comment ça allait se développer,raconte Boumard-Coallier. Et en continuant le projet, j’ai cherché une nouvelle salle. Le Divan orange a été super de nous accueillir, mais avec Die Pod Die on veut proposer aux gens qui viennent aux sessions un certain confort, on ne veut pas que les gens se sentent assis comme au bar. »
La session du 24 janvier permettra d’écouter attentivement le disque Remain in Light (1980), de la formation américaine Talking Heads, ainsi que l’album Zubberdust ! (2014), du groupe post-rock montréalais Avec le soleil sortant de sa bouche, signé sur l’étiquette Constellation (Fly Pan Am, Godspeed You ! Black Emperor). Un doublé intéressant, le premier groupe séduisant plus aisément, et le second, déjà conçu en deux « faces » se prêtant admirablement bien à l’expérience du vinyle de Die Pod Die. « On essaie de jouer avec quelque chose de plus connu, de plus accessible aussi, et ensuite on peut amener les gens à découvrir la scène locale que l’on met de l’avant, de nouveaux artistes », dit Boumard-Coallier. L’écoute est suivie de discussions.
Pourquoi le vinyle ?
Le choix du format vinyle est-il un effet de mode, à une époque où ce support fragile mais riche a la cote chez plusieurs mélomanes ? Le CD aurait bien pu faire le boulot. « Sans dire que ça prend un objet constamment, le côté rituel autour de l’écoute est important, explique d’abord Boumard-Coallier, soulignant entre autres le rapport visuel à la pochette de plus grand format. Et on veut remettre la notion d’album en avant, et écouter la musique sous la forme dans laquelle elle a été créée, en n’avançant pas les pistes, ni en reculant, en n’en mettant pas qu’une seule. On commence par le premier morceau de la face A et on termine par le denier de la face B. Le vinyle implique ça. »
Die Pod Die ne met pas nécessairement en lumière des albums concepts, les sessions se concentrant en fait « sur des albums qu’on pense qui seront mieux compris dans ce genre de contexte là ».
Julien Boumard-Coallier aimerait bien que ses soirées permettent au public de découvrir la scène alternative québécoise et canadienne. Et de façon plus large, il chérit l’idée que Die Pod Die puisse être le début d’une réflexion sur le respect que l’on porte à la musique. « J’aimerais que les gens voient à quel point la musique peut avoir un impact sur nous, comment on peut ressentir des choses quand on s’y attarde. » Voilà l’occasion d’écouter, plutôt que d’entendre.
