Eagles of Death Metal, le groupe qui jouait au Bataclan

« Peace, Love, Death Metal » : la formule, empruntée au titre du premier album du groupe américain Eagles of Death Metal (EODM), paru en 2004, saturait les réseaux sociaux, dans la nuit du 13 au 14 novembre, après la série d’attentats qui a frappé Paris. Postée par leurs fans, mais aussi par de simples internautes choqués par la fusillade qui a ensanglanté le Bataclan, où la formation jouait vendredi à guichets fermés, l’expression a revêtu, au cours de cette nuit tragique, un spectre d’émotions contradictoires.
L’inquiétude, d’abord, qui entourait l’état de santé des musiciens, dont on ignorait, dans un premier temps, s’ils faisaient partie des victimes. Vers minuit, la page Facebook officielle de EODM indiquait ainsi : « Nous sommes toujours en train de chercher à savoir où sont notre groupe et notre équipe et s’ils sont en sécurité. »
Le soulagement, ensuite, après le témoignage de l’épouse du batteur, Julian Dorio, au Washington Post, diffusé vers une heure du matin, et instantanément relayé sur les réseaux : « Mon époux m’a appelée pour dire qu’il m’aimait et qu’il était en sécurité. Tout le monde sur scène a pu s’échapper. » Dans la matinée de samedi, l’agence de presse AP, citant des sources américaines « officielles » mais anonymes, confirmait que tous les membres de EODM étaient sains et saufs.
Esthétique paradoxale
Répété sur Twitter et Facebook comme un mantra à la fois tendre, morbide et malicieux, « Peace, Love, Death Metal » trahit surtout l’attachement que portent les fans du groupe à son esthétique paradoxale. Fondé en 1998 à Palm Desert (Californie) par Jesse Hughes et Josh Homme, deux amis d’enfance, Eagles of Death Metal marie, depuis ses débuts, deux chapelles a priori antinomiques de l’histoire du rock.
D’une part, l’esprit « peace and love » de la génération hippie, avec polyphonies psychédéliques, mélodies doucereuses et murs de guitares sèches, tel que l’ont porté au sommet des charts The Eagles, par exemple, auteurs de la ballade folk Hotel California en 1976. Et, d’autre part, le blues rock et ses différents épigones — hard rock, grunge, death metal… —, marqués par des riffs de guitare saturés, des parties rythmiques accusées, une imagerie charnelle et ténébreuse, non dénuée d’ironie.