La renaissance de Bet.e and Stef

Bet.e and Stef ont incarné l’une des plus belles histoires de la musique indépendante québécoise. Sans distributeur ni grands moyens de promotion, le duo est parvenu en 1997 à vendre 50 000 exemplaires de Jazz/Bossa nova, un premier disque qui était une compilation de ses deux cassettes démos. Un deuxième album suivra avec succès, si bien qu’Universal proposera à Élisabeth Provencher et Stéphane Carreau un contrat de 500 000 $, une offre qu’ils refuseront avant de prendre une pause d’une décennie. Les voici à nouveau avec Seeds, un disque paru au printemps. Le son jazzy-nova y est délaissé au profit d’une pop sensuelle, interprétée en anglais, doucement percutée, mâtinée de folk et de touches de soul, avec des harmonies vocales plus riches que jamais. Bet.e and Stef s’arrête au Centre Phi ce jeudi, en trio avec Jay Atwill.

Producteur et multi-instrumentiste australien, Atwill a collaboré à la réalisation de Seeds. Bet. e commente : « On est en train de regarder pour peut-être faire un autre album avec lui parce que ça s’est bien passé. On a fait toute l’écriture des chansons avec lui et il amène une touche plus folk que l’on n’avait pas. Depuis deux ans, on a fait tous nos spectacles avec lui. Il joue des percussions, de la guitare et il chante. En concert, c’est plus simple en trio. »

Stef renchérit : « Trois voix, ça amène une puissance. Quand il n’y a pas de gros band derrière, les voix sont immenses. On a juste deux guitares, mais pour la première fois, on intègre des éléments électroniques. Bet. e joue d’un instrument sur son iPad et on introduit la basse. Avec Jay, on peut changer de position et de rôle pendant le concert. »

Climat délicat

 

Sur Seeds, le duo n’a pas conservé la bossa, si ce n’est qu’un fond de guitare qui la rappelle parfois et cette atmosphère sensuelle qui lorgne aussi l’univers d’une Sade. Les deux artistes chantent, à tour de rôle, ensemble ou en harmonie. Une basse de reggae ou un rythme latino peuvent apparaître subtilement, une cadence peut s’animer doucement et une lumière peut poindre à l’horizon. Les textes en témoignent. On plonge dans un climat délicat, légèrement empreint de soul et d’une ambiance feutrée.

Distribué par Universal, Seeds fut réalisé à compte d’auteur. Comment le groupe a-t-il conservé l’autonomie qui le caractérise ? Stef répond : « On est toujours indépendant dans l’âme, on s’est toujours occupé de nos choses et on continue de le faire. Aujourd’hui, il faut plus que jamais s’occuper de nos affaires. Ce n’est pas parce qu’on est distribué par Universal qu’on reste les bras croisés. On peut maintenant produire un disque à un moindre coût et faire nos communications via les médias sociaux. C’est beaucoup plus éparpillé, mais c’est beaucoup plus one-on-one. »

Au fil du temps, le public de Bet.e and Stef s’est rajeuni, ce qui, bien sûr, les réjouit : « On essaie de créer quelque chose d’intemporel, mais on ne peut pas tester ça avant que le temps passe, fait que là, 22 ans après nos débuts, on trouve ça le fun », conclut Bet. e.

Bet.e and Stef

Au Centre Phi, jeudi 8 octobre à 21 h. Renseignements : 515 225-0525.

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