Les cours d’histoire, c’est le bonheur

James Cotton soufflant dans son harmonica lors du spectacle qu’il a donné en compagnie de John Mayall et Harry Manx.
Photo: Annik MH De Carufel Le Devoir James Cotton soufflant dans son harmonica lors du spectacle qu’il a donné en compagnie de John Mayall et Harry Manx.

Jamais autant qu’au programme triple James Cotton-John Mayall-Harry Manx ai-je compris pourquoi, après 25 ans à courir les spectacles pour Le Devoir (dont 24 éditions sur les 36 du FIJM), la somme est encore plus grande que les parties : j’apprends en jouissant. Quand Manx a joué A Love Supreme de Coltrane, après avoir expliqué comment c’était né de jasettes musicales avec Ravi Shankar, j’ai entendu ce qu’avaient entendu les Byrds en 1965, et les échos de leur Eight Miles High m’ont mené si haut que j’avais une imprenable vue d’ensemble sur cette courtepointe géante qu’on appelle la musique. Entre autres moments de joie et de clarté.

Le moment des poupées russes : il y avait du James Cotton dans John Mayall, et il y avait du Cotton et du Mayall dans Harry Manx. Comme quoi la musique, ça contient beaucoup de musique.

Le moment eurêka : Huey Lewis démontrant avec tout un tas de percussions de bouche, en coulisses après son époustouflant show avec les News, la différence essentielle entre un shuffle de blues du Nord et un shuffle de swing du Sud.

Le moment des poupées russes (2) : dans leur Guantanamera, les formidables Mavericks ont cité Love Is All Around, des Troggs, avant que la chanson d’origine cubaine ne devienne la Twist and Shout des Isley Brothers, façon Beatles. Oui, tout est dans tout.

Le moment de désir intense : I’m On Fire de Springsteen au rappel de Whitehorse, c’était vouloir être Luke Doucet et Melissa McClelland, collés au même micro, et s’embrasser en s’embrasant d’harmonies à flammèches.

Le moment de la fin de non-recevoir : Mayall d’abord, puis Justin Townes Earle au même Wilfrid une semaine plus tard, ont rappelé à des spectateurs que la meilleure façon de ne pas obtenir la chanson souhaitée, c’est de la réclamer en hurlant.

Le moment du constat renouvelé : on le sait, on le saura, mais que l’élégantissime John Pizzarelli puisse jazzer du matériel McCartney aussi différent que Heart of the Country, Coming Up et With a Little Luck, ça veut dire que le jazz est sans limites, et Sir Paul aussi.

Le moment Pink-Floyd-c’est-nous : oui, quand on est les Barr Brothers et qu’on a presque toute la bande de Patrick Watson pour profiter de la grande scène extérieure, on s’offre Shine On You Crazy Diamond au rappel, et tout le monde brille.

Le moment hypoglycémique : ça peut arriver, quand on marche comme un fou à travers le site pour ne rien manquer des Barr Brothers, et on dit merci au relationniste Alain Des Ruisseaux pour le jus d’orange.



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