«Ma musique est mon jardin»

Ce texte fait partie du cahier spécial Conseil des Arts de Montréal 2014
Constantinople fait une musique du monde, une musique d’un autre monde, comme une rencontre improbable qui aurait lieu dans des temps et des terres oubliés. Si Constantinople est en lice aujourd’hui pour le 29e Grand Prix du Conseil des arts de Montréal, c’est pour la diversité, la richesse et la grande qualité de sa démarche artistique.
Si Téhéran a vu grandir les frères Tabassian, c’est au Québec que la famille s’installe et c’est ici que Kiya et Ziya deviennent des adultes. La musique fait partie de leurs racines, et c’est encore enfants que Kiya rencontre le sétar et Ziya, le tombak. Leur parcours musical se compose d’apprentissages traditionnels et autodidactes. De ces connaissances musicales uniques naquit à Montréal en 2001 l’ensemble Constantinople.
« Ma musique est mon jardin. Ma mémoire est la terre de mon jardin. Tout ce qui pousse sur cette terre y garde les racines, mais déchire le sol pour aller ailleurs, vers la lumière, pour s’unir à l’univers », nous dit Kiya Tabassian, dont toute la culture le pousse vers la création d’une musique porteuse de l’héritage du Moyen Âge et de la Renaissance, de l’Europe, de la Méditerranée et du Moyen-Orient.
De son côté, Ziya étudie la percussion classique occidentale à l’Université de Montréal. Les rythmes de la Méditerranée et ceux de l’Orient nourrissent ses inspirations. Ses aspirations artistiques, tournées vers les musiques improvisées de la Méditerranée à l’Orient, s’incarnent dans l’ensemble Constantinople, fondé avec la complicité de son frère.
Pierre-Yves Martel, féru d’improvisation et de musique ancienne, est un musicien qui aime multiplier les expériences ; il est attiré tant par Prokofiev qu’Ellington, tant par Purcell que John Cage. Il décide, un jour de 2008, d’abandonner la contrebasse — son instrument de prédilection — pour se consacrer désormais à la viole de gambe, et par la même occasion, il se joint à l’ensemble Constantinople.
Carrefour de créativité
Tenter de décrire la musique de Constantinople est un exercice difficile ; pourtant, une trame harmonieuse vient souligner l’intention de l’ensemble.
« Il y a d’abord les racines persanes, qui sont à la source de tout, et les branches externes sont nos divers projets. Il y a aussi la rencontre de l’Autre qui nous enrichit et qui nous fait grandir de projet en projet. Constantinople est ce carrefour de créativité où les échanges et les dialogues avec autrui forment les fondements d’une musique nouvelle », explique Kiya Tabassian.
Depuis 2001, Constantinople propose ses créations, et l’ensemble, toujours à l’affût de nouvelles expériences, s’associe à d’autres artistes de la scène internationale : le choeur de polyphonie corse Barbara Furtuna ou le groupe québécois le Vent du Nord. Mais l’instant d’une création, l’association peut prendre diverses formes ; certaines incluent la danse et la poésie : « Il faut qu’il y ait un besoin artistique et une étincelle créative de départ… Nous sommes tout à fait ouverts et toujours assoiffés de nouvelles rencontres et d’aventures artistiques », raconte M. Tabassian.
D’Europe, d’Orient et d’Amérique
La formation voyage constamment en Europe, en Orient ou dans les Amériques. À quoi ressemblera la prochaine création ? « Pour l’instant, nous avons plusieurs tournées de prévues avec les créations que nous avons montées ces dernières années. Il y a plusieurs nouveaux projets en cours de réalisation qu’on pourra entendre au courant des deux prochaines saisons. Cette année, nous enregistrons plusieurs de nos créations antérieures. Le prochain rendez-vous à Montréal est le 23 avril, avec notre concert Canti di a terra, une production qui tourne à travers le monde depuis plusieurs années avec la participation des quatre chanteurs corses de Barbara Furtuna. Là, il y a une rencontre assez magique entre musique ancienne, musique persane et chants corses… »
Les membres de Constantinople sont convaincus que la transmission de la connaissance est essentielle. Des ateliers hebdomadaires ont été mis en place, qui « peuvent être offerts à tout musicien ou même tout public qui serait intéressé. Sur l’improvisation, sur l’apprentissage de différents instruments, sur différents langages musicaux… »
« Pour moi, ajoutera Kiya Tabassian, avec ces ateliers, j’ouvre une fenêtre sur notre projet futur qui est la création d’un Centre des musiques du monde à Montréal. Il y aurait là tout un aspect d’enseignement et de transmission de savoir. Ce centre serait le lieu catalyseur et rassembleur pour les musiciens de grande qualité qui viennent d’ailleurs et qui veulent créer ici, et collaborer avec les musiciens et les artistes d’ici. »
Collaboratrice
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.