Passion vinyles (2) - Les rescapés!

Sauvés de la poubelle et des moisissures, conservés amoureusement, les disques ne sont jamais complètement à l’abri. C’est un collectionneur sinistré qui vous le dit. Les trouvailles ci-dessous n’en sont que plus précieuses : ces 33-tours, 45-tours et 78-tours ont survécu!
Il a plu dru dans la nuit de lundi à mardi dans le sous-sol à Lacolle, sur l’air de Splish Splash ou de Que c’est triste Venise, c’est comme vous voulez, inondant une section de ma collection de vinyles. Ont été plus qu’éclaboussées les rangées du bas de l’étagère du fond, celle qui se trouve à peu près directement sous le lave-vaisselle coupable. Résultat : quelque 300-400 disques dans un état proche du Mississippi, saison des crues. Ça sèche depuis, c’est-à-dire que ça gondole, ça s’effrite, ça tombe en lambeaux. Permettez un instant de dépit et une ode assortie. Ô mes Duane Eddy, mes Dylan, tout mon Jimi, les raretés de mon ami Buddy, ô mon Ronnie Hawkins dédicacé (le plus beau, Mr. Dynamo !), qui est le manant immanent qui a souillé vos splendides pochettes ?
Je ne suis pas le premier collectionneur de vinyles à qui ça arrive. Le critique musical Patrick Baillargeon rappelle sa propre heure d’horreur : « Tu te souviens du déluge de 86 ? Les inondations et tout ? Amplis de guit, basse, drum, système de son et ma collection entière de 33-tours et 45-tours punk, new-wave et al, plus les cassettes sous deux pieds d’eau… J’en pleure encore quand je revois les pochettes toutes tordues… » Le sinistre n’a pas donné la sinistrose à Pat, qui n’a cessé de chercher — et de trouver — des vinyles depuis. Du punk, encore et toujours, notamment la mythique compilation double Live at CBGB’s « avec entre autres Tuff Darts, Mink DeVille et The Shirts, parue en 1976 et encore scellée » !
Quoi qu’il arrive, la quête se poursuit
Passion intacte, ça me rassure ! Pierre Landry, animateur à la radio de la CBC, propose de s’en prendre à l’appareil ménager sans ménagement : vengeance ! Il en profite pour évoquer ses acquisitions inespérées de 2013, dont la talle totale de Talking Heads dénichée dans une « vente de garage collective » ce printemps. « Il n’y avait qu’un type cette année qui avait des disques à vendre. Une boîte en carton, placée par terre devant la table : 50¢ par disque. J’aperçois Talking Heads : 77 et ensuite More Songs About Buildings and Food. Remain in Light est là aussi. En fait, tout des Heads jusqu’à Naked en vinyle, presque neuf. J’ai tout ramassé. »
Stéphane Messier, musicien et beatlemaniaque fini, m’incite à dresser la liste de mes vinyles irrécupérables : « On va t’aider à réparer ça ! » Compétitifs, les collectionneurs ? Solidaires tout autant. Sa joie de l’année ? La « superbe compilation Mod Jazz sur le label Kent, un album double (une galette rouge et l’autre brune) qui est sur ma table tournante depuis que je l’ai déballé ! » André Roy, disquaire vingt ans durant, de A & A à Renaud-Bray, a eu cette année la trouvaille éclectique, de Tony-Nanette à Sanders Bohlke : il souligne l’excellence d’un Paul Piché retrouvé, le troisième du gars de la Minerve : « Toujours inédit en CD, un album merveilleux avec Desrosiers, Haworth, Hinton, Houle, Estelle Ste-Croix et un certain Michel Rivard (guitare acoustique) sur Moé j’raconte des histoires. »
Éric Desranleau des Wonder-Trois-Quatre (et ex-Mes Aïeux) aime les pochettes. Pas gonflées d’eau de vaisselle, autant que possible. Il nomme « Tout l’monde est malheureux, de l’ensemble Claude-Gervaise, reprenant du Vigneault façon médiévale, dont la pochette est signée Vittorio », ainsi que le « Breton-Cyr racontent et chantent pour les enfants avec un magnifique dessin de nul autre que Fred, le créateur de Philémon ». Steve Normandin, multi-instrumentiste et encyclopédie vivante de la chanson, les aime anciennes, ses pochettes, ancestraux, les disques, et il lui arrive de numériser les 78-tours juste avant qu’ils lui cassent dans les mains. Son trésor de 2013 ? Un 25 cm de Lucienne Delyle à Bobino. « Henri Contet [auteur de Padam, Mademoiselle de Paris…] disait d’elle qu’elle était LA vraie chanteuse populaire. Morte trop tôt de leucémie, elle fut prolifique sur disque mais ses concerts live se comptent sur les doigts d’une main. »
Qui peut se targuer d’avoir sauvé sa plus belle rondelle de vinyle à vie en 2013 ? Félix B. Desfossés, voilà qui. Le musicologue-blogueur-collectionneur raconte ça longuement. Extrait alléchant : « Un disque extrêmement rare ; le plus rare de toute ma collection. Il s’agit du tout premier 45-tours d’une légende du country canadien, Stompin’ Tom Connors, qui nous a quittés en 2013. […] En face A, la toute première chanson présentée par le monument de la culture canadiana, Movin’ On to Rouyn, une pièce à l’intérieur de laquelle Stompin’ Tom raconte sa vie de “drifter” et de “honky tonk player” écumant le circuit des hôtels du nord-est de l’Ontario, un circuit de tournée qui se terminait effectivement à Rouyn-Noranda, Abitibi, Québec. » La ville natale de Félix, où il est retourné s’installer avec sa famille, « ramenant du même coup à sa terre promise ce disque d’une qualité historique inestimable ». Eh, Félix, un conseil : lave ta vaisselle à la mitaine. Ça vaudra mieux pour Tom.
****
LES VINYLES DE…
Patrick Baillargeon
Tellement de trouvailles en 2013! Alors voici un 45-tours, un 12 pouces et un 33-tours. Une sélection difficile!
Dogs - Mon coeur bat encore/Down At Lulu’s
La seule chanson des Dogs en français : 45-tours déniché à la brocante de la Place du Jeu de Balle à Bruxelles pour 1 euro !
James White & The Blacks - Contort Yourself/(Tropical) Heat Wave
Tous les disques vinyles étaient à 50 % chez ce disquaire de West Village à NYC, dont ce plutôt rare 12 pouces de l’excentrique James White. Un classique du No-Wave jazz !
Artistes variés - Live At CBGB’s
Compilation double avec entre autres Tuff Darts, Mink DeVille et The Shirts, parue en 1976 et encore scellée! Trouvée à NYC chez un disquaire de Lower East Side pour des peanuts!
Éric Desranleau
Dans la catégorie curiosités, j'ai déniché cet album, Jeff Wayne's Musical Version of “The War Of The Worlds” avec une narration de Richard Burton et la participation de Justin Hayward des Moody Blues, entre autres. C'est un mélange d'Alan Parson's Project sur fond de série B à la Ed Wood. Quand le rock propre se frotte au theremin.
Je me procure aussi des vinyles pour la pochette: Tout l'monde est malheureux, de L'ensemble Claude-Gervaise, reprenant du Vigneault façon médiévale, dont la pochette est signée Vittorio. Et ce Breton-Cyr racontent et chantent pour les enfants, avec un magnifique dessin de nul autre que Fred, le créateur de Philémon. Pour la pochette, mais aussi pour le contenu qui marche très bien pendant la Noël.
Des vinyles neufs datant de cette année: The Suuns, avec leur Images du futur, font un rock qui nous permet de planer naturellement; et le groupe Miriodor, groupe formé de Bernard Falaise, Pascal Globensky et Rémi Leclerc et leur album Cobra Fakir, qui donne dans un prog bien de chez nous et qui rappelle les beaux jours d'Ambiance Magnétique. Que voulez-vous? J'ai un faible pour l'expérimental.
Steve Normandin, dit L’Accordéoniste voyageur
Lucienne Delyle à Bobino
Henri Contet (auteur de Padam, Mademoiselle de Paris...) disait d'elle qu'elle était LA vraie chanteuse populaire. Morte trop tôt de leucémie, elle fut prolifique sur disque mais ses concerts live se comptent sur les doigts d'une main. Source: 33-tours 25 cm Pathé 1955.
Félix B. Desfossés
François Carel (alias Jan Françoys) - Chez Bourgetel
L’année 2013 a commencé en lion avec la redécouverte du génie musical oublié du Québec, François Carel. Le pianiste, chanteur, arrangeur, réalisateur spécialisé dans le jazz, soul et R&B, s’est manifesté via mon blogue. Une entrevue effectuée conjointement avec Mondo P.Q. s’en est suivie et on a enfin pu en savoir plus sur ce personnage obscur. Les nouvelles informations qu’il nous a révélées m’ont permis de découvrir un album oublié de François Carel, sous le nom Jan Françoys, que l’artiste lui-même avait oublié! Le 33-tours en question capture le pianiste en concert, vers 1972, démontrant tout son talent pour le piano soul/jazz. Incroyable de penser que notre patrimoine musical cache encore de bijoux musicaux qui n’ont jamais été redécouverts!
Tom Connors - Movin’ on to Rouyn / Caroline
Parmi les grosses pièces acquises, j’ai mis la main sur un joyau de l’histoire de la musique canadienne. Un disque extrêmement rare; le plus rare de toute ma collection. Il s’agit du tout premier 45-tours d’une légende du country canadien, Stompin’ Tom Connors, qui nous a quittés en 2013. À la suite de son décès, une copie de son premier enregistrement a refait surface. De passage à Timmins, Ontario, où, selon la légende, il fut engagé pour chanter ses chansons dans un hôtel local en échange d’un toit et d’un repas, le jeune Tom Connors, alors inconnu du public, s’était fait remarquer, attirant l’attention d’animateurs de la station de radio locale. On l’invita à entrer en studio pour y enregistrer un disque qui fut imprimé à environ 500 copies sur l’étiquette privée de la station de radio locale, sans jamais connaître de réelle distribution autre qu’à Timmins ou à l’intérieur du réseau ontarien.
Ce disque contenait deux chansons. En face A, la toute première chanson présentée par le monument de la culture canadiana, Movin’ On to Rouyn, une pièce à l’intérieur de laquelle Stompin’ Tom raconte sa vie de «drifter» et de «honky tonk player» écumant le circuit des hôtels du Nord-Est de l’Ontario — un circuit de tournée qui se terminait effectivement à Rouyn-Noranda, Abitibi, Québec. Tom Connors disait y avoir trouvé un nouvel amour. Ce disque s’est vendu pour des sommes astronomiques par le passé. Ce 45-tours n’avait pas de prix pour moi, puisqu’en 2013, moi aussi, j’ai fait mon «move on to Rouyn», je suis retourné m’installer avec ma famille dans ma ville natale, ramenant du même coup à sa terre promise ce disque d’une qualité historique inestimable.
Pierre Landry
R.E.M. (I.R.S.) - Chronic Town
Certains diront que je suis obsédé par ce groupe américain. J'ai dépensé une petite fortune à me procurer chacun (sauf un) des singles et maxis en format CD de partout dans le monde, sans compter les albums, les éditions deluxes et remasterisées. J'étais membre du fan club jusqu'à la dissolution du groupe en 2011. J'ai longtemps résisté au vinyle, mais pour le 30e anniversaire de la parution de Chronic Town (jamais officiellement lancé sur un compacte à lui seul), R.E.M. l'a réédité sur un beau vinyle bleu à édition très limitée (seulement 2000 exemplaires numérotés). J'ai le # 1060.
Talking Heads (Sire / Warner) - Talking Heads: 77
À tous les printemps, dans le parc tout près de la maison, il y a une vente de garage collective. Les voisins y vendent des «cossins» de toutes sortes, des vêtements pour bébé, des jouets, de la vaisselle et ainsi de suite. Il n'y avait qu'un type cette année qui avait des disques à vendre. Une boîte en carton, placée par terre devant la table. 50¢ par disque. J'aperçois Talking Heads: 77 et ensuite More Songs About Buildings And Food. Remain In Light est là aussi. En fait, tout des Heads jusqu'à Naked en vinyle, presque neufs. J'ai tout ramassé. Il y avait aussi la collection complète de The Police. Je m'en veux encore de l'avoir laissée là...
Stéphane Messier
Pour moi, l’année 2013 a été très variée. L’excellent album 27 club de Ponctuation (que je ne peux pas m’imaginer autrement qu’en vinyle) et Stay Young de Young Rival, trio d’Hamilton, Ontario, vont garder une place importante dans ma collection.
Deux de mes groupes favoris ont sorti de très bons albums, les Flaming Lips avec The Terror (ma copie venait avec un 45-tours boni qui inclut une reprise de All You Need Is Love, la version vinyle de l’album comprend un mash-up de 15 minutes exclusif totalement fou), et Wonderful Glorious de Eels en version deux 10 pouces orange, qui est fort jolie autant pour les yeux que pour les oreilles.
J’ai découvert les solides rééditions de la compagnie Light in the Attic, surtout l’album funk de Betty Davis, They Say I’m Different, et celui de Rodriguez, Coming From Reality. Dans les derniers jours de 2013, j’ai également reçu en cadeau la superbe compilation Mod Jazz sur le label Kent, un album double (une galette rouge et l’autre brune) qui est sur ma table tournante depuis que je l’ai déballé!
Toro Y Moi (Underneath The Pine), Sam Cooke (Live At The Harlem Square Club), Noel Gallagher’s High Flying Birds sont d’autres incontournables albums de mon année vinyles! Sans compter les fois où les gens sont venus me porter des boîtes de disques à mon travail, où il y avait de belles découvertes: c'est-tu pas beau ça? Plus besoin de me déplacer!
André Roy
Paul Piché, Paul Piché (Kébec-Disque, KD 564, 1982). Toujours inédit en CD, un album merveilleux avec Desrosiers, Haworth, Hinton, Houle, Estelle Ste-Croix et un certain Michel Rivard (guitare acoustique) sur Moé j’raconte des histoires. Le troisième album de Paul, dont on semble vouloir effacer la trace malgré toutes les bonnes pièces qu’on y retrouve (Les pleins, Ti-galop, Moé j’raconte des histoires, Pense à rien).
Raymond Lévesque… à la Butte à Mathieu (Gamma, Monoral, GM-102, 1965). Parce que ce sont deux monuments et qu’il est l’auteur d’une des plus belles chansons du Québec. La qualité du son [correspond] à ce que les enregistrements live pouvaient donner de mieux à l’époque. Un album patriotique, critique sociale et humoristique. On reconnaîtra un air de Brel (Ne me quitte pas) pour Le métro, et une version différente de Ton visage, de Ferland. Une époque importante qui forgea notre musique telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Sanders Bohlke, Quiet Ye Voice (Auto-distribution, 45-tours, 2009). Bonheur d’une rencontre, première partie de Rachael Yamagata à La Sala Rossa l’an dernier. Un coup de cœur immédiat pour ce jeune créateur hyper prolifique pourtant peu connu ici. Ma pièce préférée de cet artiste est sur la face B de ce 45-tours, The Weight Of Us. Cette chanson est belle et envoûtante, un bel exemple de son imaginaire créatif. Pour les amateurs de Cinema Orchestra et ceux qui sont prêts à découvrir de nouveaux artistes.
Il a plu dru dans la nuit de lundi à mardi dans le sous-sol à Lacolle, sur l’air de Splish Splash ou de Que c’est triste Venise, c’est comme vous voulez, inondant une section de ma collection de vinyles. Ont été plus qu’éclaboussées les rangées du bas de l’étagère du fond, celle qui se trouve à peu près directement sous le lave-vaisselle coupable. Résultat : quelque 300-400 disques dans un état proche du Mississippi, saison des crues. Ça sèche depuis, c’est-à-dire que ça gondole, ça s’effrite, ça tombe en lambeaux. Permettez un instant de dépit et une ode assortie. Ô mes Duane Eddy, mes Dylan, tout mon Jimi, les raretés de mon ami Buddy, ô mon Ronnie Hawkins dédicacé (le plus beau, Mr. Dynamo !), qui est le manant immanent qui a souillé vos splendides pochettes ?
Je ne suis pas le premier collectionneur de vinyles à qui ça arrive. Le critique musical Patrick Baillargeon rappelle sa propre heure d’horreur : « Tu te souviens du déluge de 86 ? Les inondations et tout ? Amplis de guit, basse, drum, système de son et ma collection entière de 33-tours et 45-tours punk, new-wave et al, plus les cassettes sous deux pieds d’eau… J’en pleure encore quand je revois les pochettes toutes tordues… » Le sinistre n’a pas donné la sinistrose à Pat, qui n’a cessé de chercher — et de trouver — des vinyles depuis. Du punk, encore et toujours, notamment la mythique compilation double Live at CBGB’s « avec entre autres Tuff Darts, Mink DeVille et The Shirts, parue en 1976 et encore scellée » !
Quoi qu’il arrive, la quête se poursuit
Passion intacte, ça me rassure ! Pierre Landry, animateur à la radio de la CBC, propose de s’en prendre à l’appareil ménager sans ménagement : vengeance ! Il en profite pour évoquer ses acquisitions inespérées de 2013, dont la talle totale de Talking Heads dénichée dans une « vente de garage collective » ce printemps. « Il n’y avait qu’un type cette année qui avait des disques à vendre. Une boîte en carton, placée par terre devant la table : 50¢ par disque. J’aperçois Talking Heads : 77 et ensuite More Songs About Buildings and Food. Remain in Light est là aussi. En fait, tout des Heads jusqu’à Naked en vinyle, presque neuf. J’ai tout ramassé. »
Stéphane Messier, musicien et beatlemaniaque fini, m’incite à dresser la liste de mes vinyles irrécupérables : « On va t’aider à réparer ça ! » Compétitifs, les collectionneurs ? Solidaires tout autant. Sa joie de l’année ? La « superbe compilation Mod Jazz sur le label Kent, un album double (une galette rouge et l’autre brune) qui est sur ma table tournante depuis que je l’ai déballé ! » André Roy, disquaire vingt ans durant, de A & A à Renaud-Bray, a eu cette année la trouvaille éclectique, de Tony-Nanette à Sanders Bohlke : il souligne l’excellence d’un Paul Piché retrouvé, le troisième du gars de la Minerve : « Toujours inédit en CD, un album merveilleux avec Desrosiers, Haworth, Hinton, Houle, Estelle Ste-Croix et un certain Michel Rivard (guitare acoustique) sur Moé j’raconte des histoires. »
Éric Desranleau des Wonder-Trois-Quatre (et ex-Mes Aïeux) aime les pochettes. Pas gonflées d’eau de vaisselle, autant que possible. Il nomme « Tout l’monde est malheureux, de l’ensemble Claude-Gervaise, reprenant du Vigneault façon médiévale, dont la pochette est signée Vittorio », ainsi que le « Breton-Cyr racontent et chantent pour les enfants avec un magnifique dessin de nul autre que Fred, le créateur de Philémon ». Steve Normandin, multi-instrumentiste et encyclopédie vivante de la chanson, les aime anciennes, ses pochettes, ancestraux, les disques, et il lui arrive de numériser les 78-tours juste avant qu’ils lui cassent dans les mains. Son trésor de 2013 ? Un 25 cm de Lucienne Delyle à Bobino. « Henri Contet [auteur de Padam, Mademoiselle de Paris…] disait d’elle qu’elle était LA vraie chanteuse populaire. Morte trop tôt de leucémie, elle fut prolifique sur disque mais ses concerts live se comptent sur les doigts d’une main. »
Qui peut se targuer d’avoir sauvé sa plus belle rondelle de vinyle à vie en 2013 ? Félix B. Desfossés, voilà qui. Le musicologue-blogueur-collectionneur raconte ça longuement. Extrait alléchant : « Un disque extrêmement rare ; le plus rare de toute ma collection. Il s’agit du tout premier 45-tours d’une légende du country canadien, Stompin’ Tom Connors, qui nous a quittés en 2013. […] En face A, la toute première chanson présentée par le monument de la culture canadiana, Movin’ On to Rouyn, une pièce à l’intérieur de laquelle Stompin’ Tom raconte sa vie de “drifter” et de “honky tonk player” écumant le circuit des hôtels du nord-est de l’Ontario, un circuit de tournée qui se terminait effectivement à Rouyn-Noranda, Abitibi, Québec. » La ville natale de Félix, où il est retourné s’installer avec sa famille, « ramenant du même coup à sa terre promise ce disque d’une qualité historique inestimable ». Eh, Félix, un conseil : lave ta vaisselle à la mitaine. Ça vaudra mieux pour Tom.
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LES VINYLES DE…
Patrick Baillargeon
Tellement de trouvailles en 2013! Alors voici un 45-tours, un 12 pouces et un 33-tours. Une sélection difficile!
Dogs - Mon coeur bat encore/Down At Lulu’s
La seule chanson des Dogs en français : 45-tours déniché à la brocante de la Place du Jeu de Balle à Bruxelles pour 1 euro !
James White & The Blacks - Contort Yourself/(Tropical) Heat Wave
Tous les disques vinyles étaient à 50 % chez ce disquaire de West Village à NYC, dont ce plutôt rare 12 pouces de l’excentrique James White. Un classique du No-Wave jazz !

Compilation double avec entre autres Tuff Darts, Mink DeVille et The Shirts, parue en 1976 et encore scellée! Trouvée à NYC chez un disquaire de Lower East Side pour des peanuts!
Éric Desranleau
Dans la catégorie curiosités, j'ai déniché cet album, Jeff Wayne's Musical Version of “The War Of The Worlds” avec une narration de Richard Burton et la participation de Justin Hayward des Moody Blues, entre autres. C'est un mélange d'Alan Parson's Project sur fond de série B à la Ed Wood. Quand le rock propre se frotte au theremin.
Je me procure aussi des vinyles pour la pochette: Tout l'monde est malheureux, de L'ensemble Claude-Gervaise, reprenant du Vigneault façon médiévale, dont la pochette est signée Vittorio. Et ce Breton-Cyr racontent et chantent pour les enfants, avec un magnifique dessin de nul autre que Fred, le créateur de Philémon. Pour la pochette, mais aussi pour le contenu qui marche très bien pendant la Noël.
Des vinyles neufs datant de cette année: The Suuns, avec leur Images du futur, font un rock qui nous permet de planer naturellement; et le groupe Miriodor, groupe formé de Bernard Falaise, Pascal Globensky et Rémi Leclerc et leur album Cobra Fakir, qui donne dans un prog bien de chez nous et qui rappelle les beaux jours d'Ambiance Magnétique. Que voulez-vous? J'ai un faible pour l'expérimental.
Steve Normandin, dit L’Accordéoniste voyageur
Lucienne Delyle à Bobino
Henri Contet (auteur de Padam, Mademoiselle de Paris...) disait d'elle qu'elle était LA vraie chanteuse populaire. Morte trop tôt de leucémie, elle fut prolifique sur disque mais ses concerts live se comptent sur les doigts d'une main. Source: 33-tours 25 cm Pathé 1955.
Félix B. Desfossés
François Carel (alias Jan Françoys) - Chez Bourgetel
L’année 2013 a commencé en lion avec la redécouverte du génie musical oublié du Québec, François Carel. Le pianiste, chanteur, arrangeur, réalisateur spécialisé dans le jazz, soul et R&B, s’est manifesté via mon blogue. Une entrevue effectuée conjointement avec Mondo P.Q. s’en est suivie et on a enfin pu en savoir plus sur ce personnage obscur. Les nouvelles informations qu’il nous a révélées m’ont permis de découvrir un album oublié de François Carel, sous le nom Jan Françoys, que l’artiste lui-même avait oublié! Le 33-tours en question capture le pianiste en concert, vers 1972, démontrant tout son talent pour le piano soul/jazz. Incroyable de penser que notre patrimoine musical cache encore de bijoux musicaux qui n’ont jamais été redécouverts!
Tom Connors - Movin’ on to Rouyn / Caroline
Parmi les grosses pièces acquises, j’ai mis la main sur un joyau de l’histoire de la musique canadienne. Un disque extrêmement rare; le plus rare de toute ma collection. Il s’agit du tout premier 45-tours d’une légende du country canadien, Stompin’ Tom Connors, qui nous a quittés en 2013. À la suite de son décès, une copie de son premier enregistrement a refait surface. De passage à Timmins, Ontario, où, selon la légende, il fut engagé pour chanter ses chansons dans un hôtel local en échange d’un toit et d’un repas, le jeune Tom Connors, alors inconnu du public, s’était fait remarquer, attirant l’attention d’animateurs de la station de radio locale. On l’invita à entrer en studio pour y enregistrer un disque qui fut imprimé à environ 500 copies sur l’étiquette privée de la station de radio locale, sans jamais connaître de réelle distribution autre qu’à Timmins ou à l’intérieur du réseau ontarien.
Ce disque contenait deux chansons. En face A, la toute première chanson présentée par le monument de la culture canadiana, Movin’ On to Rouyn, une pièce à l’intérieur de laquelle Stompin’ Tom raconte sa vie de «drifter» et de «honky tonk player» écumant le circuit des hôtels du Nord-Est de l’Ontario — un circuit de tournée qui se terminait effectivement à Rouyn-Noranda, Abitibi, Québec. Tom Connors disait y avoir trouvé un nouvel amour. Ce disque s’est vendu pour des sommes astronomiques par le passé. Ce 45-tours n’avait pas de prix pour moi, puisqu’en 2013, moi aussi, j’ai fait mon «move on to Rouyn», je suis retourné m’installer avec ma famille dans ma ville natale, ramenant du même coup à sa terre promise ce disque d’une qualité historique inestimable.
Pierre Landry
R.E.M. (I.R.S.) - Chronic Town
Certains diront que je suis obsédé par ce groupe américain. J'ai dépensé une petite fortune à me procurer chacun (sauf un) des singles et maxis en format CD de partout dans le monde, sans compter les albums, les éditions deluxes et remasterisées. J'étais membre du fan club jusqu'à la dissolution du groupe en 2011. J'ai longtemps résisté au vinyle, mais pour le 30e anniversaire de la parution de Chronic Town (jamais officiellement lancé sur un compacte à lui seul), R.E.M. l'a réédité sur un beau vinyle bleu à édition très limitée (seulement 2000 exemplaires numérotés). J'ai le # 1060.
Talking Heads (Sire / Warner) - Talking Heads: 77

Stéphane Messier
Pour moi, l’année 2013 a été très variée. L’excellent album 27 club de Ponctuation (que je ne peux pas m’imaginer autrement qu’en vinyle) et Stay Young de Young Rival, trio d’Hamilton, Ontario, vont garder une place importante dans ma collection.
Deux de mes groupes favoris ont sorti de très bons albums, les Flaming Lips avec The Terror (ma copie venait avec un 45-tours boni qui inclut une reprise de All You Need Is Love, la version vinyle de l’album comprend un mash-up de 15 minutes exclusif totalement fou), et Wonderful Glorious de Eels en version deux 10 pouces orange, qui est fort jolie autant pour les yeux que pour les oreilles.
J’ai découvert les solides rééditions de la compagnie Light in the Attic, surtout l’album funk de Betty Davis, They Say I’m Different, et celui de Rodriguez, Coming From Reality. Dans les derniers jours de 2013, j’ai également reçu en cadeau la superbe compilation Mod Jazz sur le label Kent, un album double (une galette rouge et l’autre brune) qui est sur ma table tournante depuis que je l’ai déballé!
Toro Y Moi (Underneath The Pine), Sam Cooke (Live At The Harlem Square Club), Noel Gallagher’s High Flying Birds sont d’autres incontournables albums de mon année vinyles! Sans compter les fois où les gens sont venus me porter des boîtes de disques à mon travail, où il y avait de belles découvertes: c'est-tu pas beau ça? Plus besoin de me déplacer!
André Roy
Paul Piché, Paul Piché (Kébec-Disque, KD 564, 1982). Toujours inédit en CD, un album merveilleux avec Desrosiers, Haworth, Hinton, Houle, Estelle Ste-Croix et un certain Michel Rivard (guitare acoustique) sur Moé j’raconte des histoires. Le troisième album de Paul, dont on semble vouloir effacer la trace malgré toutes les bonnes pièces qu’on y retrouve (Les pleins, Ti-galop, Moé j’raconte des histoires, Pense à rien).
Raymond Lévesque… à la Butte à Mathieu (Gamma, Monoral, GM-102, 1965). Parce que ce sont deux monuments et qu’il est l’auteur d’une des plus belles chansons du Québec. La qualité du son [correspond] à ce que les enregistrements live pouvaient donner de mieux à l’époque. Un album patriotique, critique sociale et humoristique. On reconnaîtra un air de Brel (Ne me quitte pas) pour Le métro, et une version différente de Ton visage, de Ferland. Une époque importante qui forgea notre musique telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Sanders Bohlke, Quiet Ye Voice (Auto-distribution, 45-tours, 2009). Bonheur d’une rencontre, première partie de Rachael Yamagata à La Sala Rossa l’an dernier. Un coup de cœur immédiat pour ce jeune créateur hyper prolifique pourtant peu connu ici. Ma pièce préférée de cet artiste est sur la face B de ce 45-tours, The Weight Of Us. Cette chanson est belle et envoûtante, un bel exemple de son imaginaire créatif. Pour les amateurs de Cinema Orchestra et ceux qui sont prêts à découvrir de nouveaux artistes.