14e Festival du monde arabe - Constantinople au pourtour de la grande bleue

Avant de se lancer sur les routes de la soie et de s’imprégner des polyphonies corses plus tard en saison, Constantinople propose la quatrième édition de Carrefour de la Méditerranée, une série qui permet d’inviter des artistes de grand calibre. Cette fois-ci, les Montréalais Kiya Tabassian et Didem Basar reçoivent l’oudiste Charbel Rouhana, la joueuse de kemamcheh Neva Özgen et le percussionniste Pezhham Akhavass pour une rencontre de création jeudi soir prochain à la salle Bourgie du Musée des beaux-arts.
Le directeur artistique Kiya Tabassian parle du concept : « Avec cette soirée, on souligne l’apport des différentes traditions musicales, du Maghreb au Machrek, de l’est à l’ouest de la Méditerranée. On revisite tous ces répertoires sans collage, et le fil rouge de ce concert est principalement la nouvelle création, à travers les compositions originales des artistes participants. Ce qu’on veut faire, c’est une recherche d’identités multiples. Les cinq musiciens ont des racines dans certaines traditions, mais ils sont tous passés par différentes écoles. »
À commencer par Charbel Rouhana. Oudiste, chanteur et compositeur parmi les plus réputés au Liban, il est issu de la musique orientale aussi bien classique que profane. « Dans ma façon d’approcher l’arrangement musical, j’aborde plusieurs influences de la planète, mais je ne perds jamais de vue l’empreinte orientale », nous disait-il en entrevue en 2008. Kiya Tabassian en rajoute : « C’est un grand virtuose de l’oud. Il est ouvert au jazz, aux musiques du monde et à la musique classique contemporaine. Il connaît les écoles irakienne, égyptienne et maghrébine et les a toutes digérées. Quand il crée, on peut entendre tout ça, mais il s’agit d’une seule musique. C’est un peu ça qu’on veut recréer. »
Et pour cela, les artistes sont bien choisis. La kanouniste montréalaise Didem Basar, qui fait partie du Duo Turco, maîtrise les lignes de force de la culture turque du XVIIIe siècle à nos jours, étant à l’aise avec les genres tant savant que traditionnel, populaire et mystique, ottoman ou contemporain. « On la connaît comme une grande interprète, mais je suis très content de mettre également en avant ses talents de compositrice. Elle a écrit quelques oeuvres pour la soirée », dit Kiya Tabassian.
De son côté, Neva Özgen vient également de la Turquie. Spécialiste du kemamcheh, une vièle à pique considérée comme l’ancêtre du violon, elle est la fille d’Ihsan Özgen, celui qui, selon Kiya, « a un peu redonné une nouvelle vie à l’instrument ». Bien que la passion première de Neva Özgen demeure la musique classique turque, elle a aussi hérité de l’esprit d’aventure de son père et peut aller au-delà de sa culture première.
Reste le multi-percussionniste californien d’origine persane Pezhham Akhavass, qui remplace le gambiste Fahmi Elqhai, annoncé au programme du FMA. Maître du tombak, Akhavass a étudié des instruments indiens comme le tabla, le kanjira et le gatam. Comme les autres artistes de la soirée, il pourra s’exprimer dans différentes formules, en solo ou avec l’ensemble. Le répertoire sera mixte, d’inspiration savante ou plus folklorique, principalement instrumental, mais parfois chanté par Charbel Rouhana ou Kiya Tabassian. Une façon d’aborder également la poésie.
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