Beau Dommage boucle la boucle...québécoise

Deux shows aux septièmes FrancoFolies de Montréal pour clore en beauté le chapitre québécois du grand retour des flâneurs, déjà souligné par un album double platine et un Billet d'or pour la tournée printanière: reste l'épilogue européen.
De l'autre côté de la rue, en plein Quartier latin, pas très loin de la station de RER Saint-Michel où, quelques heures plus tôt, une bombe avait semé ses mortels éclats, des mains s'agitaient dans la direction de notre petit groupe d'ex-festivaliers en goguette.C'est d'abord le barbu que j'ai reconnu. C'était bien Pierre Bertrand. C'était même Beau Dommage au grand complet, à Marie-Michèle Desrosiers près, en terrasse. Beau Dommage en transit parisien, entre les FrancoFolies de La Rochelle, de Spa et le Paléo de Nyon, pris en flagrant délit de sortie de groupe. Même à Paris, ai-je songé, même en permission, ils prennent le frais ensemble. L'évidence me frappait: Beau Dommage est vraiment redevenu un groupe.
«C'était arrangé avec les attachés de presse! On attendait juste que vous passiez, évidemment», rigolait Robert Léger en entrevue éclair dans un aéroport privé de Dorval mercredi midi, alors que le groupe, sur le point de s'envoler pour Edmunston, au Nouveau-Brunswick, recevait les plaquettes officialisant l'obtention du Billet d'or pour avoir attiré plus de 50 000 spectateurs lors de la tournée-retrouvailles du printemps dernier. «C'est pour faire chier les humoristes», a lancé Michel Rivard pendant la traditionnelle séance de pose. De fait, aucun spectacle de chanson n'avait justifié un Billet d'or depuis la tournée L'Essentiel de Ginette Reno, en 1992, alors que les dilateurs de rate les collectionnent.
«On ne passait pas nos journées ensemble à visiter le Louvre, a continué Léger, mais on se retrouvait presque toujours pour souper. On s'endure encore... » Il est vrai qu'une semaine plus tôt, après le spectacle d'ouverture des FrancoFolies de Spa dans l'insonorisable Casino, c'était pareil, en plus officiel: toute la smala s'était retrouvée à la table voisine de la nôtre, d'où nous avons appris que Marie-Michèle avait habituellement le souvenir de voyage volumineux (un sofa?!!).
Si je me demandais encore ce qui justifiait la présence de Beau Dommage dans trois festivals d'été en Europe, j'avais un élément de réponse: pour le plaisir. Mais encore? Réal Desrosiers: «On se servait de ça comme promo pour aller rencontrer les journalistes des trois différents pays (France, Belgique, Suisse).» Échappé belle, premier extrait paru là-bas, fait actuellement son chemin dans les divers classements. Léger: «On voulait voir s'il y avait encore un public.» Beau Dommage, rappelons-le, avait tenté quelques incursions européennes autour de 1977, y compris un programme double avec Julien Clerc. «C'est ça qui m'a surpris, a ajouté Desrosiers, on a joué devant du monde qui nous aime depuis vingt ans et qui ne nous a pas oubliés.» Léger: «Du monde avec du vrai fun dans les yeux.»
Après les deux ultimes shows québécois de ce soir et demain, en ouverture des FrancoFolies de Montréal, ce ne sera pas encore tout à fait la fin des haricots: deux sorties européennes sont encore à l'horaire, aux festivals de Troie et de Marne, fin septembre et début octobre. Et ensuite? Rivard: «Ce serait le fun que ça finisse comme ici, avec une belle tournée, avec notre show au complet dans les meilleurs conditions possibles.» Avec un album live à la clé, comme de raison. Pas question d'y échapper belle, alléluia.
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