Bob Brozman 1954-2013 - L’empathie d’un caméléon

Figure de proue d’une musique universelle, l’Américain Bob Brozman est décédé chez lui à Ben Lomond, en Californie, mardi soir à l’âge de 59 ans. À la fois guitariste fabuleux et ethnomusicologue reconnu, il avait commencé à se faire connaître en jouant dans la rue, avant d’explorer toute la planète. Il était passé maître de la guitare slide ondulante, lumineuse, parfois aérienne et souvent percussive. En véritable musicien caméléon, il parvenait à un rare degré d’empathie avec de nombreux collaborateurs, qu’il trouvait partout.
Issu du monde du blues, il fut un grand innovateur de la guitare steel et particulièrement adepte des National, qu’il a collectionnées. Il avait tour à tour exploré le jazz, les musiques roms, le swing, le calypso, le ska et le séga de la Réunion. Il est même allé jusqu’au hip-hop, en plus de s’adapter aux modes, aux timbres ou aux rythmes des musiques hawaïenne, hindoustanie, mandingue, japonaise et roots américaine, cela avec des virtuoses aussi différents que l’Indien Debashish Bhattacharya, le Réunionnais René Lacaille, le Guinéen Djeli Moussa Diawara, les cordistes des orchestres de Papouasie-Nouvelle-Guinée et le mandoliniste David Grisman, pour ne nommer que ceux-là.
Il était venu maintes fois au Québec, même qu’en 1998, Jean Beauchesne, alors directeur artistique du Festival d’été de Québec, avait initié un duo avec lui et le koriste Djeli Moussa Diawara. Brozman avait également un faible pour les musiques insulaires : « Elles véhiculent des métissages légués par les immigrants et les marins : la majorité exprimant généralement une zone de clair-obscur entre la joie de vivre et la tristesse », disait-il. On retiendra de lui sa capacité d’utiliser la guitare comme un traducteur portatif des cultures de la planète. « Il y a tellement de musique par ici. Je pense que j’aurai un peu de repos dans une autre vie. » Merci Bob !
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