L’OSM: Mahler en CD et Bruckner en direct sur Internet

Ce mardi paraît chez Analekta le nouveau disque de l’Orchestre symphonique de Montréal et Kent Nagano : des Lieder avec orchestre de Mahler. Grande première ce mardi soir, aussi le concert de l’OSM sera diffusé pour la première fois en direct sur Internet.


C’est avec l’ouverture Guillaume Tell de Rossini, le 3e Concerto de Beethoven et la 6e Symphonie de Bruckner, ce mardi soir à 20 h, en direct de la Maison symphonique de Montréal, que Kent Nagano et l’OSM inaugurent leur collaboration avec Medici.tv, le grand portail Internet consacré aux vidéos musicales. Medici.tv offrira gratuitement cette prestation en direct, puis en différé pendant une période de trois mois. On peut aussi y accéder par le site osm.ca.


Kent Nagano affirme au Devoir qu’il s’agit du choix de Medici : « J’étais étonné qu’ils choisissent Bruckner, mais je suis très content, car cela permet de continuer la ligne Fellner-Beethoven et c’est très bien d’être invités dans ce cercle. Cette immédiateté de la diffusion, c’est le futur. » Medici.tv ne s’est pas encore prononcé sur le nombre et la nature des concerts qui l’intéressent la saison prochaine.


L’exposition médiatique de l’OSM est en tout cas abondante, puisque ce même jour paraît le nouvel opus discographique, dans lequel le baryton Christian Gerhaher chante les Kindertotenlieder, les Lieder eines fahrenden Gesellen et 5 Rückert-Lieder de Gustav Mahler. On y retrouve ce style fluide et transparent qui caractérise les enregistrements de Nagano, ici associé à un chanteur-diseur qui ne mise pas sur le volume vocal. « C’est un orchestre plutôt grand, associé à une voix qui chante avec une émission vocale très liée au texte. Le premier défi est que la voix passe l’orchestre sans perdre ses couleurs et le sens du drame. Cela demande beaucoup de travail, car moins on joue fort, plus il faut jouer intense, sous peine de perdre de la couleur. »


De fait, nous n’avons ici rien d’opératique : Christian Gerhaher se positionne comme un chanteur de Lieder, « simplement » accompagné par un orchestre plutôt qu’un piano. « D’une certaine manière, l’orchestre prononce aussi, avec des variantes de couleurs selon ce que la voix est en train de faire. Cette palette des articulations, cette manière dont une note naît et évolue sont identifiées par les oreilles du public, mais ne sont pas faciles à exprimer en mots… ni à réaliser ! », dit le chef.


La chose est presque intimiste, jusque dans les déchaînements d’Ich hab’ein glühend Messer l’orageux Lied du compagnon errant : « Il ne faut pas penser que “fort”, ce sont des décibels. C’est de la puissance. Un chef d’opéra ne peut pas raisonner en décibels et un concerto pour voix et orchestre ne serait pas intéressant. Ce qui compte, c’est ce qu’on fait avec les mots. »


La proposition est intéressante et intelligente. Il n’en reste pas moins qu’enregistrer ce répertoire c’est forcément se heurter aux versions historiques et légendaires - osons dire insurpassables - de Fischer-Dieskau. Autant donc aborder ces Lieder autrement…

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