Francis Poulenc et la musique de chambre

Le pianiste Olivier Godin dirigera trois journées dédiées au compositeur Poulenc au Conservatoire d’art dramatique et de musique du Québec à Montréal.
Photo: Conservatoire de musique Le pianiste Olivier Godin dirigera trois journées dédiées au compositeur Poulenc au Conservatoire d’art dramatique et de musique du Québec à Montréal.

Après l’Université de Montréal, célébrant le 50e anniversaire de la mort de Francis Poulenc en présentant son opéra Dialogues de carmélites, le Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec à Montréal propose ce vendredi, et jusqu’à dimanche, trois journées Poulenc sous la direction artistique du pianiste Olivier Godin. Et au même moment, ATMA publie un disque de musique de chambre de Poulenc par l’ensemble Pentaèdre…


Il est réjouissant de voir à quel point le rendez-vous Poulenc de cette année 2013 est pris au sérieux par nos musiciens. Nous venons de vivre Dialogues des carmélites, le conservatoire nous propose cette fin de semaine une quasi intégrale de la musique de chambre, Louis Lavigueur dirigera le Stabat Mater les 23 et 24 mars et les inaugurations des orgues au Palais Montcalm de Québec et à la Maison symphonique de Montréal lors de la saison prochaine nous vaudront des présentations du Concerto pour orgue, cordes et timbales.


Si la musique de Poulenc nous parle, c’est que, comme l’a écrit Jean Roy : « Poulenc disait volontiers que sa musique était son portrait. Il est vrai qu’on y retrouve son caractère : ce goût très vif du plaisir en même temps qu’un penchant à la mélancolie. » Un portrait humain, tout simplement.


Poulenc nous parle, car il s’adresse à nos sens et maîtrise suprêmement un élément essentiel de la création musicale : l’art et l’invention mélodique. C’est ce qui rend le 2e mouvement de la Sonate pour clarinette et piano ou les premières notes de la Sonate pour flûte et piano - jouée ce vendredi par Marie-Andrée Benny et sur le disque ATMA par Danièle Bourget - si inoubliables.


À la mort de Poulenc, Cocteau disait : « Jamais plus nous n’entendrons naître et renaître ce miracle d’un équilibre mystérieux entre le neuf et le classique, entre l’héritage des maîtres, l’invention robuste et comme paysanne des mélodies où la science et la fraîcheur enfantine s’enroulaient ensemble. » Cocteau ne s’était pas trompé.


La célébration Poulenc du conservatoire réunira le baryton Marc Boucher, la hautboïste Lise Beauchamp, la flûtiste Marie-Andrée Benny, le clarinettiste Jean-François Normand, le bassoniste Mathieu Harel, la corniste Marjolaine Goulet, le guitariste Jean Vallières, ainsi que les pianistes Suzanne Blondin, Élise Desjardins, Esther Gonthier, Olivier Godin et Francis Perron. Trois concerts sont donnés, vendredi et samedi à 19 h 30, ainsi que dimanche à 15 h 30 dans la salle de concert de l’établissement de la rue Henri-Julien (calendrier précis : www.conservatoire.gouv.qc.ca).


On y entendra toutes les grandes partitions du genre : Sextuor, Sonate pour flûte et piano (vendredi) ; Élégie pour cor et piano, Sonate pour clarinette et piano (samedi), le dimanche étant consacré à des oeuvres pour deux pianos, pour hautbois et piano et à quelques mélodies.


Le disque que publie ATMA (ACD2 26460) a été enregistré en octobre 2010 à la salle Pierre-Mercure par Pentaèdre et le pianiste David Jalbert. Regroupant une sélection avisée du nectar de la production chambriste du compositeur - Sextuor, Élégie, Novelette, Trio pour hautbois, basson et piano, Sonates pour flûte et piano et pour clarinette et piano -, cette nouveauté québécoise fait jeu égal avec les grandes versions françaises classiques, sauf peut-être pour la Sonate pour flûte, où Danièle Bourget, sans démériter, n’égale pas Jean-Pierre Rampal, Patrick Gallois ou Jacques Zoon.


On admirera tout particulièrement le Trio et une très rare transcription pour quintette à vent de la tendre 1re Novelette pour piano dans ce qui est l’un des plus beaux disques québécois de la saison.

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