Un repaire pour l’underground de Québec

À l’entrée, aucune enseigne, si ce n’est un bout de ruban adhésif, au-dessus de la sonnette, sur lequel on a inscrit : Loft II -Pantoum. Au second étage, une rangée de fenêtres à guillotine distille les 10 000 watts d’une salle de spectacle. Le son se mêle à la rumeur de la taverne Jos Dion, au rez-de-chaussée, avant d’échouer sur les trottoirs de la rue Saint-Vallier.
Pantoum, c’est un studio d’enregistrement, une salle de répétition, un label indépendant et une scène dont la puissance sonore se compare à celle du bar Le Cercle et la superficie, à celle du Ninkasi.
Inaugurée le 20 juillet, la commune musicale se met au service de la scène émergente dans l’espoir de rassembler le milieu underground de la Capitale, que les trois fondateurs de la compagnie - Jean-Étienne Colin-Marcoux, Jean-Michel Letendre-Veilleux et Sébastien Forest-Levasseur - jugent fracturé et disparate.
« On essaie de répandre l’idée d’une communauté de partage, qui est très forte à Montréal, mais pas à Québec », selon Jean-Michel. « On a déjà des collaborations qui se créent entre des bands et des photographes. »
Au prix d’un abonnement mensuel, « les groupes émergents peuvent réaliser leur album, faire le lancement, organiser un spectacle ou une soirée DJ, explique Jean-Étienne. On leur offre des services de direction artistique, de sonorisation et on leur fournit des instruments. Ça devient une école de musique », dit le percussionniste qui, en une dizaine d’années d’expérience en technique de scène et au sein de groupes tels que X-Ray Zebras, s’est fait connaître du milieu musical de Québec.
« Les bands qui gravitent autour de Pantoum ont accès à un réseau de contacts, ils peuvent s’échanger des musiciens pour un jam ou une session d’enregistrement », poursuit-il. D’où le nom Pantoum, emprunté à ces poèmes du courant romantique où les vers se recroisent et se répètent de strophe en strophe.
Lorsqu’ils enregistrent sur Phoque Records, les musiciens règlent la note au morceau enregistré plutôt qu’au taux horaire. « C’est pour favoriser la créativité », selon Jean-Étienne. « Ce n’est pas un studio professionnel, mais ça s’y compare. Le son de l’enregistrement s’adapte à l’esthétique que le band veut avoir. »
Avant même d’être inauguré, Pantoum comptait déjà sur l’abonnement d’une dizaine de groupes. Certes, l’avenir jugera, mais parions qu’un besoin vient d’être comblé.