Ariane Moffatt et Grimes au Festival d'été de Québec - Plaisirs électroniques
De toute la programmation du Festival d'été de Québec, le doublé Grimes et Ariane Moffatt était peut-être le plus harmonieux et efficace – avec mention spéciale à Beirut et aux Barr Brothers. L'électro de la comète anglo-montréalaise Grimes et la pop bidouillée d'Ariane Moffatt ont fait un très bon ménage à l'Impérial hier soir. Et si on ajoute la première partie Mozart's Sister, on avait hier trois femmes qui réussissent chacune à leur façon à mélanger les genres de manière audacieuse, créative, explosive..
La jeune Grimes, de son vrai nom Claire Boucher, s'est vraiment révélée à nous sur scène hier. Son troisième disque, Visions, l'a vraiment fait connaître cette année, mais la performance qu'on a vu hier était pas mal plus puissante que sa version enregistrée. La blonde chanteuse était très physique, se penchant souvent sur les deux claviers qui l'entourait, jouant même à genoux, avant de sauter sur place en battant des bras. On est loin de la réserve de certains musiciens du même genre.Grimes a mélangé des mélodies simples baignées d'échos à des sonorités agressives, fantomatiques, rugueuses. Parfois on était dans la pop de club, ailleurs dans l'expérimental, parfois en même temps. Mais la musiciens est parvenu à faire tenir tout ça avec brio, entre autres grâce à son bras droit qui manipulait les échantillons. Grimes a essentiellement pigé dans son dernier disque, offrant entres autres Oblivion, Genesis et Circumambient, en plus d'une nouvelle pièce qui flirtait avec ce que pourrait être le plus audacieux de la musique danse.
La table état mise pour Ariane Moffatt, qui a plongé plus que jamais dans la sauce électronique dans son dernier disque MA. Ce fût disons la branche la plus pop de la soirée, mais pas la moins énergique. Moffatt s'est d'ailleurs concentrée sur les titres de son dernier disque, qui sont de l'excellent matériel à concert.
«Ceux qui n'ont pas encore chaud vous avez un problème», a lancé la chanteuse à la mi-chemin du concert. Vrai que c'était parti en lion, avec les quatre premiers titres de MA, dans l'ordre, dont une version dopée d'Hôtel Amour. La basse y était lourde, la batterie quasi militaire, les claviers sonnaient comme du clavecin... résultat fort probant. Plus tard, c'était aussi assez rebondissant sur L'Homme dans l'automobile et sur Too Late, un calypso passé dans les machines de Serge Pelletier (Pawa Up First)
En s'amusant avec l'électro, Moffatt a poussé le bouchon un tout petit peu loin sur La pluie et le beau temps, alors qu'elle triturait sa voix à travers les claviers. Ce qui devait ressembler à de l'auto-tune s'est révélé plus proche des fausses notes à quelques reprises. Rien pour écrire à sa mère (seulement au journal), et puis Moffatt s'est reprise de belle manière par la suite en improvisant, en changeant l'ordre des pièces, en suivant ses instincts, y intégrant entre autres Je veux tout, de son précédent disque.
La foule a suivi à raison, tapant des mains avec une rare persévérance pendant presque toute la deuxième demie du concert, portée par la vague presque parfaite de cette soirée sous le signe de l'électro, encouragée au rappel par la version remaniée de Jeudi 17 mai, spécial crise sociale. Une quasi-finale électronique et électorale, quoi!
De l'audace
En première partie, Mozart's Sister a fait bonne impression, s'amusant à réchauffer la foule avec ses séquences et son chant haut perché, qui flirtait parfois avec le R&B. On y trouvait l'esprit de Miracle Fortress, version féminine et un peu plus trash. Colorée, Mozart's Sister s'est amusée avec quelques pas de danses et une pointe à Steven Tyler, d'Aerosmith, qui était attendu hier soir sur les Plaines.