FEQ - Watson comme dans sa cour

C'était la première fois que Patrick Watson et son groupe se produisaient à Québec depuis la sortie du nouvel album.
Photo: Yan Doublet - Le Devoir C'était la première fois que Patrick Watson et son groupe se produisaient à Québec depuis la sortie du nouvel album.

Patrick Watson adore se produire au Pigeonnier et le lieu le lui rend bien. À nouveau hier, son groupe a fait un malheur à cet endroit. Il y a décidément quelque chose dans sa musique qui sied naturellement aux soirées d'été en plein-air.

Bien avant son arrivée, des milliers de personnes s'étaient massées sur le site pour ne rien manquer. Quand le spectacle a débuté un peu avant 22h00, le Pigeonnier était plein depuis plus d'une heure. Autour, beaucoup suivaient le concert dans les rues et on les a entendus crier nombreux quand le chanteur les a interpellés.

Il a presqu'uniquement couvert le répertoire de son nouvel album, Adventures in Your Own Backyard. Quand même, on a pu entendre le Big Bird in a Small Cage de Wooden Arms (2009) et, en rappel, The Great Escape de l'album Closer to Paradise (2006).

Watson a débuté en douceur, seul au piano avec Light House puis une dizaine de musiciens ont concurru au crescendo de la pièce. Quand les cuivres ont embarqué, on en frémissait. Tout au long du spectacle, on était saisi par ces habiles contrastes entre l'infinie douceur et des instrumentations puissantes. Dire que le groupe les maîtrise relève de l'euphémisme.

«C'est tellement beau, content d'être avec vous autres», a lancé Watson avant Step Out for a While. Puis la pièce The Quiet Crowd, soutenue par des cordes a eu l'effet d'un enchantement.

On avait pas ménagé sur les moyens pour ce spectacle. En plus des musiciens habituels (Robbie Kuster aux percus, Simon Angell aux guitares, Mischka Stein à la basse), des cuivres, des cordes, une chorale et la chanteuse de Thus: Owls notamment ont apporté leur concours.

Aux premières notes de voix et guitare de «Words in the Fire», la foule criait sa joie. Même chose pour Into Giants interprétée d'abord dans une ambiance de feu de camp, simplement avec guitare, voix et un peu de tambours. Sur scène, l'éclairage intime de Félix Desrochers donnait parfois l'impression que les musiciens étaient éclairés par de simple chandelles. The Things You Do appuyée par des cordes et la chorale, nous a aussi fait passer un très beau moment. Puis le chanteur de Loney, Dear est venu chanter Big Bird in a Small Cage avec Watson. Invitée à participer à la chose, la foule a entonné le refrain à son tour. La soirée passait vite.

Dans un registre plus complexe, la pièce titre Adventures in your own backyward produisait un effet à la fois puissant et envoutant. Et en finale, on a eu droit à un Noizy Sunday somptueux.

C'était la première fois que Patrick Watson et son groupe se produisaient à Québec depuis la sortie du nouvel album. Lors d'un point de presse en matinée, il s'était dit ravi de pouvoir présenter le nouveau matériel à son public de Québec. À un journaliste qui lui demandait ce qu'il faisait avant de se lancer sur scène, il a dit écouter systèmatiquement The Only Living Boy in New York de Simon & Garfunkel.

Les festivals d'été de la capitale ont souvent souri à cet artiste. On l'avait entendu dès 2004 au Festival Off. «Normalement, quand j'écris, je vois un film dans ma tête. Il y a toujours un côté cinématographique dans ma musique», nous disait-il alors en entrevue. On l'a ensuite retrouvé sur scène avec Gonzales en 2006 au Festival d'été puis en 2007. Deux ans plus tard, son spectacle au Pigeonnier avait littéralement envouté les chanceux qui avaient eu la bonne idée de s'y rendre.

Avec pas d'casque dérangé par les motos

Le Festival avait donné à Watson carte blanche pour cette soirée et le monsieur en a profité et invités trois groupes : Avec pas d'casque, Thus : owls et Loney, Dear. Les trois groupes ont constitué un bon crescendo jusqu'à Watson. L'univers planant et la voix puissante du chanteur de Loney, Dear notamment a créé une bonne atmosphère pour accueillir le spectacle final. Le public s'est progressivement laissé gagner par le répertoire de ce groupe suédois, méconnu ici. Surtout quand Watson et les musiciens de Thus : Owls sont venus les rejoindre pour une longue pièce. Parions que beaucoup de recherches internet se feront à leur propos aujourd'hui.

Mais en début de soirée, l'expérience a été quelque peu malheureuse pour Avec pas d'casque qui a été littéralement enterré par les pétaradages d'une légion de  motocyclettes.

Un défilé de 700 motos avait été organisé par Marcel Aubut et la Fondation Pat Burns à l'occasion du spectacle de Johnny Halliday. Or, le temps que toutes les motos passent, le groupe avait perdu facilement deux pièces dans le tumulte, d'une prestation qui en comptait six. Dommage. Sinon, on avait eu le temps d'entendre Intuition #1, Apaiser le singe et la pièce du nouvel album, Talent.




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