Festival d’été de Québec - Avec pas d’casque vu par Patrick Watson et inversement

Pour le précéder ce soir au Pigeonnier,à Québec, Patrick Watson a choisi le groupe Avec pas d’casque. Les deux ont beau être fort différents, ils s’estiment beaucoup. On leur a donc chacun demandé ce qui leur plaisait chez l’autre.
Surpris par la requête, Watson vante d’abord les textes d’Avec pas d’casque. « Moi, je trouve que c’est très difficile d’écrire des bonnes paroles en français, répond-il dans ce français attachant et maladroit qu’on lui connaît. Des paroles qui marchent, c’est un défi. Quand il y a du monde qui le fait bien, moi j’encourage ça. C’est un bon exemple de ce qui se fait d’original au Québec. »
Watson et le chanteur d’Avec pas d’casque Stéphane Lafleur se connaissent depuis quelques années parce que la copine de Watson a travaillé comme monteuse sur les films de l’autre, explique-t-il.
« C’est un homme qui est très touchant dans sa façon de voir le monde, poursuit-il. C’est un cinéaste incroyable et je trouve ça intéressant d’avoir un groupe québécois de musique francophone avec nous autres. »
Interrogé sur leurs points communs, il répond : « Dans ses paroles, il a une façon surréaliste de raconter des histoires, mais en même temps, c’est très humble. Je pense que les deux, on veut des histoires flyées avec les deux pieds sur terre. »
Les deux faces de la même pièce
On s’entendra quand même pour dire que la renommée de Watson et sa bande repose davantage sur la musique que sur les paroles, alors que c’est le contraire chez Avec pas d’casque. « J’ai comme l’impression que si Patrick nous invite, c’est parce qu’on est à l’opposé de ce qu’il fait, lance Lafleur en entrevue. Mais en même temps, les visées sont les mêmes par rapport à ce qu’on essaie d’établir avec le public, de tirer d’une chanson. »
On pourrait parler des deux faces de la même pièce. Les deux s’intéressent au cinéma, mais, là encore, de façon différente. Watson a fait des trames sonores et collaboré avec le groupe Cinematic Orchestra, alors que Lafleur hésite encore à demander à quelqu’un de produire une bande sonore originale pour un de ses films.
Il se rappelle très bien cette soirée d’hiver, dix ans plus tôt, quand une amie l’a traîné au Café Sarajevo entendre un inconnu du nom de Patrick Watson. « On devait être 30 ou 40 et je ne savais pas à quoi m’attendre du tout. Il était là de dos au piano avec Robbie qui jouait du drum. C’était comme un moment assez magique. J’ai pas été étonné de voir l’envol qu’a pris sa carrière après. »
Pourquoi ? « Patrick a cette qualité-là de passer de l’infiniment petit au grand déploiement. Il est capable de faire des tounes à super grand déploiement et ses musiciens ont le talent musical pour se le permettre. Et après, il est capable de ramener tout son band autour d’un micro en plein milieu du stage et de créer une petite toune super intime, à peine murmurée, en étant presque pas branché. Et le monde est avec lui. »
C’est la première fois que les deux groupes seront réunis sur une même scène ce soir. Pour les deux, ce sera un moment particulier. Les gars d’Avec pas d’casque feront face au plus grand public de leur carrière.
Quant à Watson, il retrouve un endroit qu’il aime. « C’est la meilleure place au monde pour jouer dehors, lance-t-il en parlant du Pigeonnier. Il y a vraiment quelque chose de spécial avec ce spot-là. J’ai rarement trouvé une place extérieure qui est aussi intime quand il y a beaucoup de monde. »
Entre les deux groupes, on entendra aussi ce soir deux autres formations invitées par Watson et sa bande : Thus : Owls (Québec-Suède) et Loney Dear (Suède). Les trois groupes forment une grande famille, puisque le guitariste joue dans le premier groupe et que les membres du deuxième sont de proches amis. Aux dires de Watson, le chanteur de Loney Dear lui a déjà fait voir « le meilleur spectacle qu’il a vu de sa vie ». Rien que ça.