Musique - Feist et The Sheepdogs dominent un gala des Juno rempli de surprises

Ottawa — Habituellement conservatrice, la cérémonie des prix Juno a plutôt fait dans l'imprévisible et la surprise à Ottawa, hier soir, en couronnant une série de lauréats inattendus.

Le groupe de Saskatoon The Sheepdogs, qui était encore inconnu il y a un an, ainsi que la chanteuse de Toronto Feist ont remporté chacun trois trophées dans le cadre du 41e gala célébrant le meilleur de la musique canadienne qui était cette année animé par l'acteur montréalais William Shatner.

La réaction de Feist lorsqu'elle a été sacrée artiste de l'année illustrait bien l'atmosphère particulière de la soirée. Les joues rouges, l'auteure-compositrice-interprète s'est avancée vers la scène en titubant après avoir passé une bonne minute à partager son étonnement avec son entourage.

Même si l'interprète de 36 ans a jusqu'ici récolté 11 Juno depuis le début de sa carrière, sa victoire était plutôt surprenante étant donné que son quatrième disque, Metals, n'était pas en nomination pour le meilleur album de l'année.

Ce prix est venu s'ajouter aux deux autres qu'elle avait reçus lors de la cérémonie hors ondes samedi durant laquelle 34 des 41 trophées ont été remis. Celui de l'auteur-compositeur de l'année lui a toutefois échappé au profit de Dallas Green, alias City and Colour.

Autre surprise de la soirée: The Sheepdogs, qui a connu la gloire en remportant un concours organisé par le magazine Rolling Stones, a raflé le prix de la chanson de l'année avec I Don't Know au nez et à la barbe de Nickelback, Johnny Reid, Hedley et City and Colour.

Samedi, le quatuor avait également sacré meilleur nouveau groupe de l'année.

Le DJ français Martin Solveig et le trio de Toronto Dragonette ont quant à eux reçu le prix de l'enregistrement dance de l'année, détrônant ainsi Deadmau5 qui régnait sur cette catégorie depuis quatre ans.

Même le triomphe de Michael Bublé, qui a récolté le Juno de l'album de l'année avec Christmas, en a fait sourciller plus d'un. Aussi en lice, l'opus Take Care de Drake a été davantage applaudi par la critique et le public que le disque du temps des Fêtes du chanteur de charme.

Seule exception à ce gala étonnant: le prix du public remis évidemment à Justin Bieber, qui a notamment supplanté Arcade Fire et Ginette Reno, rares artistes du Québec à être nominés.

Samedi, lors du gala hors ondes, la formation Nickelback, dont les amateurs et les détracteurs sont nombreux, a été privée du titre de groupe de rock de l'année, se faisant doubler à l'arrivée par Arkells, un jeune groupe de Hamilton.

Des Québécois récompensés

Quatre artistes québécois ont été couronnés samedi, lors du gala hors des ondes des prix Juno.

Le compositeur et pianiste montréalais Marc-André Hamelin a mérité un septième trophée pour l'album classique de l'année, catégorie «Solo ou musique de chambre», grâce à son album Sonate pour piano de Liszt.

La Mauricienne Sonia Johnson a aussi été récompensée, dans la catégorie «Meilleur album jazz vocal», grâce à Le carré de nos amours.

Le compositeur de musique électronique montréalais Tim Hecker a reçu, pour sa part, son premier trophée des prix Juno pour son album Ravedeath, 1972.

Enfin, le groupe de rock indépendant Malajube a reçu un trophée pour le meilleur album francophone, grâce à La caverne, devant Catherine Major (Le désert des solitudes), Coeur de pirate (Blonde), Fred Pellerin (C'est un monde) et Jérôme Minière (Le vrai le faux).

The Sheepdogs, un groupe de rock de la Saskatchewan, et la chanteuse torontoise Feist ont reçu deux trophées chacun, samedi. The Sheepdogs a mérité le Juno pour l'album de rock de l'année — devant un groupe de candidats incluant Sam Roberts Band et Sloan — et celui décerné au nouveau groupe de l'année.

Le groupe était en tournée australienne avec Joe Fogerty, mais les membres ont fait part de leur plaisir d'avoir remporté les deux prix.

«Nous sommes très heureux. Est-ce que 8 heures à Perth est trop tôt pour commencer à boire pour célébrer?»

De son côté, Feist a été honorée pour l'album alternatif de l'année, avec Metals, et pour avoir produit le meilleur DVD musical, grâce à son documentaire Look at What the Light Did Now.

Un an après avoir été privé de prix malgré six nominations et avoir assuré l'animation de la soirée, le rappeur torontois Drake a remporté le prix de l'album rap de l'année avec son nouveau disque, Take Care.

L'Albertaine Terri Clark a mérité le troisième Juno de sa carrière, 15 ans après avoir été couronnée pour la première fois, pour l'album country par excellence (Roots and Wings).

Monkeyjunk, un jeune groupe d'Ottawa, a gagné le Juno décerné au meilleur album de blues (To Behold), tandis que KEN Mode, un groupe de Winnipeg, a été récompensé pour le meilleur album dans la catégorie «Metal/Hard (Venerable)», un trophée décerné pour la première fois.

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