Troubadour des temps modernes, Alexandre Belliard raconte l'histoire du Québec en chansons

Après avoir passé 15 ans de sa vie à écrire des chansons sur sa propre existence, comme tout le monde en fait, Alexandre Belliard a eu envie d’aller voir plus loin, aux sources de son histoire.
Photo: - Le Devoir Après avoir passé 15 ans de sa vie à écrire des chansons sur sa propre existence, comme tout le monde en fait, Alexandre Belliard a eu envie d’aller voir plus loin, aux sources de son histoire.

Il a quelque chose d'un troubadour des temps modernes, occupé qu'il est à chanter l'histoire de son peuple plutôt que la sienne propre.

Alexandre Belliard lançait cette semaine son plus récent disque, Légendes d'un peuple, qui est aussi le premier tome d'une série qui portera sur l'histoire des francophones en Amérique.

C'est après s'être inscrit à un certificat en histoire qu'Alexandre Belliard, qui a déjà deux autres disques à son crédit, a décidé de se lancer dans cette aventure inusitée. «J'ai lu La légende d'un peuple, de Louis Fréchette, et j'avais l'impression de lire l'histoire du Québec en poèmes. Je me suis dit que c'est exactement ça que j'aimerais faire, de courtes capsules, des petits moments qui permettent de présenter des personnages d'histoire.»

Il a signé la moitié des textes de son opus, a emprunté les autres aux Louis Fréchette, Michèle Lalonde ou Joséphine Bacon. Son disque, qu'il lançait cette semaine à l'ancienne prison des Pratriotes-au-Pied-du-courant, où ont été pendus plusieurs patriotes, s'attarde à différents personnages et événements de l'histoire du Québec. Il s'intéresse par exemple à la Grande Paix de Montréal par le biais de Louis-Hector de Callière, gouverneur de la Nouvelle-France, qui signa par ce traité la fin de 100 ans de guerre avec 39 nations amérindiennes. Il s'intéresse aussi à Marie Rollet, qui, avec son mari Louis Hébert, a formé le premier couple de colons français à s'établir en Nouvelle-France. Il s'attarde aussi à René Lévesque, sur lequel il a écrit la chanson Quelque chose comme un grand peuple.

«Je n'ai pas exclu d'écrire des chansons sur des personnages contemporains», dit Alexandre Belliard, qui a l'intention de se consacrer entièrement à son projet pour les prochaines années. Ces recherches portent d'ailleurs bien au-delà des frontières actuelles du Québec. Elles portent par exemple sur l'exil du patriote Siméon

Marchessault aux Bermudes, alors que sa femme allait accoucher. Il voudrait écrire une chanson sur le révolutionnaire haïtien Toussaint Louverture, songe à faire une chanson sur Paul-Émile Borduas. Il s'intéresse aussi au truchement (interprète auprès des autochtones) Étienne Brûlé, au résistant acadien Beausoleil Broussard et à la poétesse Thérèse Renaud.

Il compte aussi emprunter un texte à Octave Crémazie.

S'il reconnaît avoir toujours été souverainiste, Alexandre Belliard dit avoir découvert sur le tard de grands pans de l'histoire de son peuple. «Alors que j'associais les patriotes, par exemple, à un simple mouvement de rébellion, j'ai découvert, quand je suis entré dans la vie de Louis-Joseph Papineau, 40 ans de luttes des patriotes dans le cadre parlementaire britannique.»

Après avoir passé 15 ans de sa vie à écrire des chansons sur sa propre existence, comme tout le monde en fait, Alexandre Belliard a eu envie d'aller voir plus loin, aux sources de son histoire.

Aujourd'hui, il prend un réel plaisir à se documenter sur les différents lieux du Québec, lorsqu'il répond à l'appel des citoyens qui l'invitent à venir chanter dans leur salon.

«Les gens adorent l'histoire, mais ils ne savent pas qu'ils adorent l'histoire», dit-il. À lui de leur faire savoir... Certaines de ses recherches mènent à des chansons. Et il reçoit depuis la création de l'album les invitations les plus diverses. C'est lui qui écrira la chanson-thème pour les 400 ans de la fondation de Montréal par Maisonneuve, par exemple.

«Je n'ai jamais été aussi occupé que depuis que je travaille de façon artisanale», dit celui qui se défend bien de faire de la propagande politique. À l'entendre, on croit revenir quelques décennies en arrière, alors qu'on faisait encore des chansons sur l'indépendance du Québec. À moins qu'on ne soit tout simplement au début de l'avenir...

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