Musique classique - Le Philharmonique de New York et le disque

L'ouverture de la Maison symphonique de Montréal nous vaut, après celle de l'orchestre du Mariinski de Saint-Pétersbourg, la visite — ce soir et demain après midi — de l'Orchestre philharmonique de New York, un ensemble à la riche discographie.

Dirigé aujourd'hui par Alan Gilbert, cet orchestre est une institution très ancienne, née en 1842, sous le nom de Société philharmonique de New York. Cette société a réussi à amalgamer d'autres institutions. Le point final de ces regroupements date de 1928. Le Philharmonique fusionne alors avec la Société symphonique. C'est sous l'appellation «philharmonique-symphonique» que l'orchestre apparaît dans le premier de ses plus fameux enregistrements: Une vie de héros de Richard Strauss sous la direction de son dédicataire, Willem Mengelberg, une légende de l'histoire du disque, gravée entre le 11 et le 13 décembre 1928.

De Mahler à Toscanini

Le Philharmonique de New York eut comme chef légendaire Gustav Mahler, pendant les deux dernières années de sa vie (1909-1911). Dommage que Mahler n'ait pas vécu plus longtemps, car dès 1917, l'orchestre se mit à enregistrer, avec son chef d'alors, Josef Stransky, un Tchèque. Les premières sessions remontent au 20 janvier 1917, et la première oeuvre enregistrée fut l'ouverture Raymond d'Ambroise Thomas, selon le procédé acoustique alors en vigueur.

Les enregistrements de Stransky, de 1917 à 1919, comprennent le Largo de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak et le 2e mouvement de la 5e Symphonie de Beethoven. Mengelberg aussi fit quelques enregistrements acoustiques, dont le 1er mouvement de cette même Cinquième (1922). Il enregistra ensuite, selon le procédé électrique, les Symphonies nos 1 et 3 de Beethoven. Parmi les projets discographiques de Mengelberg à New York annulés au dernier moment, comme révélés dans un livre par James North en 2006, on compte la 9e Symphonie de Beethoven et Le chant de la Terre de Mahler.

Mengelberg quitta New York, en raison de la popularité croissante de Toscanini, qui dirigea l'orchestre de 1928 à 1937. Des enregistrements Toscanini de cette période, un, en particulier, trône au Panthéon de la discographie du chef: la 7e Symphonie de Beethoven enregistrée les 9 et 10 avril 1936. On trouve aussi de notables enregistrements d'extraits symphoniques wagnériens.

Le successeur de Toscanini fut John Barbirolli, mais l'histoire, pendant la guerre, fut écrite, en 1940, par Igor Stravinski, qui enregistra à New York Le sacre du printemps et une suite de Petrouchka. Un an plus tard, Bruno Walter se mit à graver des disques avec l'orchestre. Walter réalisa un cycle de Symphonies de Beethoven, même si son seul titre auprès de l'orchestre fut celui de «conseiller artistique» entre 1947 et 1949.

Temps modernes

Alors qu'à Philadelphie, Cleveland et Boston, les chefs avaient la vie longue, les baguettes se succédaient à New York. Arthur Rodzinski, Leopold Stokowski et Dmitri Mitropoulos (directeur musical de 1951 à 1957) furent les prédécesseurs de

Leonard Bernstein. Parmi les disques de légende de Mitropoulos: des Berlioz, des Tchaïkovski et le Concerto «L'empereur» de Beethoven avec Robert Casadesus.

Leonard Bernstein grava tout le répertoire à New York. Ses disques Mahler firent date, de même que ses enregistrements Haydn, moins connus mais éminents. Le règne de Bernstein fut également marqué par des programmes audiovisuels: les Young People's Concerts.

Du successeur de Bernstein, Pierre Boulez, il ne reste pas grand-chose, car Boulez enregistrait alors surtout à Londres et Cleveland. Suivirent Zubin Mehta — en place au moment de l'arrivée du CD et, donc, très productif et présent sur le marché, mais avec rien de notable — Kurt Masur et Lorin Maazel, ce dernier documenté par des concerts publiés en téléchargement, dont une intégrale Mahler.

Pour les collectionneurs, l'orchestre lui-même a édité en CD des archives et concerts rares. Ils sont disponibles sur le site de l'orchestre, dans la partie «magasin», sous la rubrique «éditions spéciales».

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