9e Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue - De la musique à l'ombre des cheminées, littéralement

Patrick Watson au piano, lors de son concert présenté samedi aux abords de la fonderie Horn, à Rouyn-Noranda.
Photo: © Cyclopes Patrick Watson au piano, lors de son concert présenté samedi aux abords de la fonderie Horn, à Rouyn-Noranda.

Rouyn-Noranda — Depuis ses débuts il y a neuf ans, la réputation du petit Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue ne cesse de prendre de l'ampleur, tant chez les amateurs de musique alternative des alentours de Rouyn-Noranda que chez ceux de partout dans la province. Même les artistes se sont approprié le bouillonnant événement.

L'exemple le plus patent est celui de Patrick Watson, qui n'était même pas invité au festival, mais qui a fait la route pour y organiser un spectacle spontané, livré à l'ombre des grandes cheminées de la ville. Pour son prochain disque, le musicien prépare une série de vidéos, filmées dans 15 cours un peu partout. La scène était surréelle. C'était samedi après-midi, alors que le soleil déclinait. À côté d'un train à l'arrêt, aux abords de la fonderie Horne, avait été déposé un piano dans la gravelle. Watson est venu jouer de nouveaux morceaux devant plus de 500 personnes attirées par la rumeur galopante.

«On lui a donné un coup de main pour la technique, mais c'était vraiment un projet de Patrick Watson, raconte le patron du FME, Sandy Boutin. Ç'a été mon petit moment magique du festival, avec tous ces gens qui écoutaient en silence.»

Pour sa 9e édition, le FME affiche une nouvelle hausse d'achalandage, alors qu'environ 18 500 personnes ont franchi les tourniquets, soit 1500 de plus qu'en 2010. Cette hausse est essentiellement due au beau temps de samedi, qui a permis à plus de gens de visiter les concerts extérieurs du festival. «Cette année, j'ai l'impression de ne pas avoir travaillé, raconte Boutin. Habituellement, j'éteins des feux, mais là, le téléphone n'a pratiquement pas sonné. J'ai senti qu'on était vraiment rodés, et que, maintenant, on maîtrise totalement notre terrain.»

Le FME, qui a été choisi événement de l'année au gala de l'ADISQ lors des deux dernières cérémonies, a aussi été l'hôte de deux annonces de Québec. La ministre de la Culture, Christine St-Pierre, a d'une part investi 4,2 millions pour la rénovation de l'Agora des Arts — une ancienne église convertie en salle de concert. Elle a aussi annoncé un projet pilote qui permettra d'améliorer l'équipement de sons de cinq diffuseurs alternatifs au Québec. Une vingtaine de salles pourraient bénéficier d'aide si le projet con-vainc la ministre.

Côté musique

Lors des deux soirées que Le Devoir a passées au FME — l'événement dure quatre jours —, les coups de coeur n'ont pas manqué. À commencer par Secret Chief 3, le projet parallèle d'un des membres de Mr. Bungle, l'intrigant Trey Spruance. Le groupe instrumental mélange une foule d'influences, du médiéval aux airs arabisants en passant par le trip-hop et le prog. Ça pourrait être une grosse bouillie, mais ça se tient étonnamment bien.

Les Montréalais de Monogrenade se sont bien défendus, montrant un visage plus rock et plus solide que sur leur disque. Mention aussi au Français Boogers et à sa performance comico-musicale punk-pop, malheureusement chantée en anglais.

Hier, c'est Alaclair ensemble qui a volé le spectacle de la soirée hip-hop. La touche déjantée de cette bande de fous du roi était peut-être en décalage avec Webster et la tête d'affiche Manu Militari, mais Alaclair a donné un concert généreux, physique et comique comme on en voit trop peu. Il y avait bien un peu trop de monde sur scène — à quoi bon être trois DJ pour une seule machine —, mais leur «post-rigodon du Bas-Canada», pour ne pas dire rap québécois, a fait mouche. S'amuser en faisant les choses sérieusement, c'est possible. Encore plus au FME.

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Notre journaliste s'est rendu à Rouyn-Noranda à l'invitation du FME.

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