9e FME: Hésitations, chassés-croisés et découvertes

Le quatuor montréalais Monogrenade, qui a livré cette année un premier disque agréable mais prudent, s'est révélé plus affamé sur scène.
Photo: Cyclopes Le quatuor montréalais Monogrenade, qui a livré cette année un premier disque agréable mais prudent, s'est révélé plus affamé sur scène.

Situé dans le cœur de Rouyn-Noranda, le Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue (FME) est presque toujours l'occasion de chassés-croisés, de valses-hésitations et de rencontres imprévues. Samedi n'aura pas fait exception dans la capitale nationale du cuivre.

Les hésitations ne sont pas trop pénibles au FME car, que ce soit lors des multiples concerts de la série des «5 à 7» ou lors des concerts en soirée, l'amateur de musique équipé d'un laissez-passer peut aisément voyager d'une salle à l'autre, pour autant qu'il reste un peu de place.

Samedi, par exemple, nos tympans ne filaient pas trop pour le sympathique DJ Brace. Pas de soucis, il suffisait de traverser la Principale, et d'aller entendre Monogrenade. Le quatuor montréalais, qui a livré cette année un premier disque agréable mais prudent, s'est révélé plus affamé sur scène. Voix juste, batterie agressive, guitare juste assez coupante, la pop mélodique du groupe avait de l'aplomb. Et le son du violoncelle, souvent étouffé dans les spectacles, était heureusement mis à l'avant-plan. Dans la salle voisine, le folk de Betalovers était un peu supplanté par Monogrenade — toutes les fenêtres des deux salles étaient ouvertes.

Le FME commence à être réputé pour ses événements spontanés, même s'ils sont de plus en plus encadrés par les organisateurs. Pour un artiste, il est quand même moins inquiétant, ou compromettant, d'oser un concert impromptu à Rouyn que pendant les FrancoFolies, disons. Samedi, alors que le soleil était bas dans le ciel, c'est Patrick Watson qui s'est prêté au jeu dans un lieu inusité: au pied de la fonderie Horn, devant un train arrêté au pied des grandes cheminées «éternelles comme l'enfer», comme le chantait Desjardins. Filmée, la performance de Watson s'inscrira dans la promotion de son prochain disque. Les jambes croisées devant un piano déposé dans la gravelle, le chanteur a offert quelques titres inédits aux quelque 150 personnes attirées par l'événement. Moment magique.

Une fois le soleil bien couché, notre parcours en ligne brisée a pris la forme d'un va-et-vient entre le Petit Théâtre du Vieux-Noranda et l'Agora des Arts, une ancienne église reconvertie en salle de concert. À l'Agora, les Français de Nestorisbianca ont offert un post-rock bien cousu, teinté de cuivres, mais assez convenu au fond. Même impression pour Miracle Fortress, le projet du montréalais Graham Van Pelt, qui a pris un virage électronique sur son dernier disque.

Dans la salle voisine, on trouvait des valeurs sûres. Duchess Says a fait du Duchess Says: la chanteuse a passé beaucoup de temps dans la foule pendant que le groupe livrait des musiques rock-électro agressives. Après, Olivier Langevin et son groupe Galaxie ont abîmé l'ouïe de la jeunesse abitibienne avec leur rock dansant toujours très puissant. Une nouvelle leçon de rock de la part de M. Langevin.

La découverte de la soirée est sans doute Secret Chief 3, projet parallèle d'un des membres de Mr. Bungle, l'intrigant Trey Spruance. Le groupe instrumental mélange un paquet d'influences, du médiéval aux airs arabisants en passant par le trip-hop et le prog. Ça pourrait être une grosse bouillie, mais ça se tient étonnamment bien, même si le clavier était trop discret, hier. À réentendre.

Le FME se poursuit jusqu'à dimanche soir. Visitez le site Internet du Devoir pour d'autres textes sur le festival.

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