Amy Winehouse (1983-2011) - La diva déjantée de la soul laisse ses admirateurs dans le deuil
Londres — Des fans défilaient hier devant le domicile londonien d'Amy Winehouse, tandis qu'affluaient les hommages à la diva soul et trash, qui a chanté l'addiction avant de rejoindre le cercle des chanteurs disparus à 27 ans, de Jim Morrison à Jimi Hendrix en passant par Janis Joplin.
Bouquets, photos et messages s'accumulaient hier sur le trottoir à Camden Square, dans le nord de Londres, devant l'appartement où la chanteuse a été retrouvée morte samedi après-midi après une carrière météorique minée par les problèmes de drogue et d'alcool.«Amy, ton talent immense nous manquera», pouvait-on lire sur une note. «Chère Amy, je suis contente que tu sois enfin à la maison, je t'aime, princesse», indiquait un petit mot épinglé à une plume.
Amy Winehouse, dont la silhouette ultra-fine, les yeux soulignés de noir et la coiffure toute en hauteur étaient devenus familiers des journaux populaires, était aux prises depuis des années avec des problèmes d'alcool et de drogue. Elle était sortie récemment d'une cure de désintoxication, avant de tenter un retour dans le cadre d'une tournée estivale de concerts en Europe vite annulée.
La police, appelée par le service des ambulances samedi passé 16 heures, n'a pu que constater le décès. Il reste dans un premier temps «inexpliqué», souligne la police, qui a précisé hier qu'«aucune date pour l'examen médico-légal ne serait fixée avant lundi matin».
De petits groupes de fans ont veillé toute la nuit à la bougie devant son domicile.
La famille atterrée
La mère d'Amy Winehouse a affirmé que la chanteuse semblait ne pas se sentir bien la veille de sa mort, a rapporté hier un journal britannique, tandis que sa famille pleurait la perte d'une «merveilleuse fille, soeur, nièce».
La famille s'est déclarée hier «totalement démunie par la perte d'Amy», qui «laisse un trou béant dans nos vies». Dans son communiqué, elle demande aussi qu'on préserve son «intimité et sa tranquillité à ce moment terrible».
Son père Mitch, ancien chauffeur de taxi devenu chanteur de jazz, est rentré immédiatement de New York où il devait donner un concert.
Amy a grandi dans un milieu populaire juif du nord de Londres. Son père lui chantait des chansons de Sinatra lorsqu'elle était petite et elle a reçu sa première guitare à 13 ans.
Son producteur Mark Ronson a évoqué «un des jours les plus tristes de ma vie. C'était mon âme soeur sur le plan musical, et comme une véritable soeur pour moi».
La chanteuse Lily Allen, âgée de deux ans de moins à peine qu'Amy, s'est déclarée «au-delà de la tristesse». «Il n'y a rien d'autre à dire. C'était une âme perdue, qu'elle repose en paix.»
La chanteuse de soul, dont la voix — et les fragilités — a pu être comparée à celle de Billie Holiday ou de Janis Joplin, aura été une étoile filante, avec un premier album, Frank, sorti en 2003 et un second — et dernier — Back to Black (2006), au succès mondial.
Une des chansons tirées de Back to Black, Rehab, fait référence à ses refus («no, no, no») de se plier aux cures de désintoxication. C'est précisément après une cure, à la demande de son père Mitch, qu'elle avait repris une tournée européenne en juin. Mais elle était apparue à Belgrade titubante, incapable d'articuler correctement les paroles de ses chansons, et en fin de compte conspuée par ses fans. Une première alerte sérieuse l'avait conduite à l'hôpital en août 2007, pour overdose.
«Qu'elle rejoigne tous les talents morts à 27 ans et se retrouve en compagnie de Janis Joplin, Jimi Hendrix, Jim Morrison et Kurt Cobain n'est pas une consolation», écrit tristement dans le Sunday Times la journaliste et fan de la chanteuse India Knight, «mais j'espère qu'elle est enfin en paix».
Les ventes des albums de la jeune femme au fameux chignon crêpé ont été multipliées par 37 de vendredi, veille de sa disparition, à samedi, juste après l'annonce de sa mort.
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Avec Associated Press et Reuters