Daniel Lanois et Black Dub à la PdA - Brasser Wilfrid

Si Prince a ouvert ce festival de mémorable manière avec son funk irrésistible, Daniel Lanois et son groupe-projet Black Dub lui ont offert hier soir une finale du même acabit. Ce fut à la fois sale, tribal, puissant et subtil: bang dans les dents de Wilfrid-Pelletier.
Habitué du FIJM et du Métropolis, Daniel Lanois arpentait hier une scène qu'il a peu fréquentée — un choix peu évident pour Black Dub. Le concert avait d'ailleurs été initialement prévu au Métropolis en juillet dernier, avant qu'un grave accident de la route subi par Lanois ne force un report.Mais on a vite oublié ces questions géo-stratégiques une fois le feu allumé sur la grande scène chic de Montréal. Parce qu'on l'a constaté hier soir, Black Dub représente une des propositions les plus exaltantes de Lanois — et on sait qu'il n'en manque pas. Couleurs différentes, mais même bonheur.
Black Dub est donc d'abord un groupe, composé de Lanois, du batteur Brian Blade, de la chanteuse et multi-instrumentiste Trixie Whitley et du bassiste Jim Wilson. Le disque éponyme qu'ils ont créé place les rythmes dub et reggae au coeur des explorations sonores de Lanois.
Sur scène, le résultat est bien davantage rock et soul qu'autre chose. Mais quel résultat! Parlons de Blade, d'abord, parce que ce musicien est astronomique: il martèle les caisses avec la puissance d'un fauve, puis les caresse avec une souplesse incroyable. On l'a vu jouer avec Wayne Shorter et Joshua Redman, puis avec Lanois hier: il est brillant partout.
Parlons de Whitley, ensuite. À 24 ans, la chanteuse possède une voix puissante (parfois trop pour la sono) dotée d'un grain soul et gospel remarquable. Pensons-y, elle fait concurrence au mur du son de Lanois... Et elle joue de la batterie: aux côtés du maître Blade, Whitley s'est payé quelques séjours rythmiques qui ont soulevé la foule — notamment pendant Nomad. Son arrivée dans l'univers de Lanois se prend comme une bouffée d'air frais qui bonifie la facture.
Lanois et son groupe ont pigé dans le répertoire de Black Dub (Surely, Silverado aux teintes gospel, Ring The Alarm avec de solides harmonies vocales), mais aussi du «vieux» Lanois, avec des relectures de Jolie Louise, Messenger et The Maker (terminée par un long jam supporté par deux batteries).
On ne va pas entendre Black Dub pour entendre quelque chose de lisse et de parfaitement réglé: on veut du grain et de la vie dans le son. Et Wilfrid en a eu plein les oreilles, hier.