La symphonie du béton

«Je sens déjà que la proximité sera la grande nouveauté de cette salle», a confié Kent Nagano.
Photo: - Le Devoir «Je sens déjà que la proximité sera la grande nouveauté de cette salle», a confié Kent Nagano.

Maestro Kent Nagano est monté sur ce qui est déjà un peu, beaucoup la scène, il a tourné le dos à la salle vide, entièrement bétonnée, et soudain la première caractéristique de cet écrin musical en devenir a sauté aux yeux des visiteurs: entre l'avant-scène et la rangée de sièges la plus éloignée, il n'y aura que 12,5 mètres. On répète: à peine 40 pieds, soit à peu près la longueur d'un appartement de Montréal.

«Je sens déjà que la proximité sera la grande nouveauté de cette salle, a confié M. Nagano, directeur artistique de l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM). Les musiciens seront près du public, qui sera très près de l'orchestre. Une nouvelle intimité va se créer, une nouvelle complicité en fait.»

Comme les journalistes et la ministre de la Culture et des Communications, Christine St-Pierre, maestro Nagano visitait le chantier de la future salle pour la première fois hier. Une visite guidée en compagnie de ses concepteurs. Le chantier du partenariat public-privé (SNC-Lavalin, Diamond and Smitt Architects, Aedifica...) de quelque 270 millions va bon train, n'a pris aucun retard, et l'ouverture demeure toujours prévue pour septembre 2011.

Le principe de la construction imaginée est simple. Il s'agit d'insérer une grande boîte de bois dans une lourde cage de verre et de béton, avec l'objectif de créer une caisse acoustique parfaitement silencieuse, à remplir par la musique. L'auditorium repose donc sur quelque 300 coussins acoustiques pour assurer une indépendance des vibrations générées par la circulation automobile, le métro et même le passage des avions. Plus étonnant encore, afin d'éviter les gros tuyaux bruyants, chacun des sièges comprendra une silencieuse source de chaleur ou de climatisation.

«L'important, c'est d'abord le silence, explique Tateo Nakajima de la firme new-yorkaise Artec, responsable de l'acoustique de la salle. Nous recherchons un bruit de fond que ne peut entendre l'oreille humaine. La forme et les matériaux feront le reste pour optimiser les caractéristiques acoustiques de la salle.»

La carcasse de l'immeuble de l'intersection Président-Kennedy et Saint-Urbain est fin prête. Les derniers blocs de béton seront installés le mois prochain. L'installation des ancrages métalliques extérieurs pour recevoir les murs de verre va rondement. Une fois la coquille isolée, le lambrissage des murs pourra commencer. Le programme prévoit l'utilisation de hêtre du Québec, partout, y compris sur les planchers. Le bois provient de forêts certifiées, c'est-à-dire dont la gestion répond à des normes écologiques. «L'architecture extérieure se veut contemporaine, mais à l'abri des tendances», résume Michel Languedoc de la firme Aedifica.

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