Les chiffres d'assistance du Festival d'été de Québec ne seront plus dévoilés
Québec — Même si elle a désormais en main des données précises sur l'assistance aux spectacles des plaines d'Abraham, l'organisation du Festival d'été de Québec refuse de les fournir. Son directeur général, Daniel Gélinas, a par ailleurs reconnu hier que les estimations des foules des années précédentes étaient exagérées.
C'est un secret de polichinelle qui veut que les organisateurs d'événements culturels aient tendance à gonfler la taille des foules et le nombre de spectateurs. Aussi, M. Gélinas a-t-il souligné hier que le Festival d'été était loin d'être le seul concerné.«Vous le savez autant que moi, l'achalandage annoncé dans la plupart des gros événements au Québec, parfois, ça n'a pas de bon sens. Si chacun comptait exactement [le nombre de personnes] qu'ils ont sur leur site, il y a bien du monde qui auraient des surprises.»
Le Festival, qui annonce de nouveaux records d'assistance chaque année, s'est fait prendre à son propre jeu. Équipé depuis peu de macarons à puces qui permettent de chiffrer le nombre d'entrées sur le site, il a obtenu en 2010 des statistiques «un peu à la baisse» par rapport aux années précédentes. Or il est évident que jamais le Festival n'a attiré autant de monde que cette année.
Hier, M. Gélinas a notamment reconnu qu'il était exagéré de dire que 120 000 personnes avaient assisté au spectacle de Sting en 2009. Il n'a pas voulu par ailleurs dire combien de spectateurs étaient présents lors du concert de The Black Eyed Peas vendredi, lequel a attiré, sans l'ombre d'un doute, la plus grosse foule de l'histoire de l'événement.
L'accent sur la qualité
Depuis le dernier étage de l'hôtel Le Concorde, la foule était similaire à celle photographiée lors du concert de Paul McCartney, a-t-il dit. On avait alors parlé de plus de 250 000 spectateurs. Or M. Gélinas a souligné qu'il n'avait jamais endossé cette estimation.
À titre de comparaison, certains des plus gros festivals au monde, comme Glastonburry en Grande-Bretagne, ou encore Lollapalooza aux États-Unis, lesquels se déroulent dans des pays beaucoup plus populeux, se targuent d'attirer des foules de 170 000 à 200 000 personnes.
Hier, Daniel Gélinas a dit qu'il ne voulait plus donner la mesure des foules par égard pour les artistes. «On parle de qualité, pas de quantité. Quand tu donnes la quantité, tu assombris la qualité de la prestation. [Ce n'est] pas parce qu'il y a moins de monde que c'est moins bon.»
Ainsi, au-delà des records d'assistance, M. Gélinas s'est réjoui notamment de la qualité du concert donné par Gilles Vigneault et de la «communion» de cet artiste avec le public. «Il a donné un spectacle au-delà de toute espérance. Pour moi, c'est un moment d'anthologie du Festival d'été. Il était très en voix, a même dansé et il y avait encore plus de gens que ce que j'espérais», a-t-il dit, soulignant que le Festival avait pris soin de filmer ce concert et qu'il le conserverait précieusement dans ses archives.
Le directeur général a aussi tenu à rendre hommage au public qui a investi la ville sans rien détruire. «Le public de la ville de Québec, c'est du gâteau», a-t-il dit en notant que malgré les grandes foules des derniers jours, il n'y avait pas eu d'incidents. «[Les gens] n'ont jamais créé de bousculades inutiles. Parfois, les grandes foules, ça peut faire peur à la police et la sécurité, mais on n'a jamais été inquiétés. [...] Ce genre d'événement ne serait pas possible dans beaucoup de grandes villes du monde.»
L'organisation n'entend pas faire grossir le Festival davantage l'an prochain. On espère toutefois «fidéliser» les festivaliers du reste du Québec, ceux de la ville étant déjà conquis. Si c'est le cas, les 150 000 laissez-passer qui se sont tous envolés en deux jours cet été pourraient vraisemblablement trouver preneurs encore plus rapidement.